Le Grand Soir par vincentmcfly
Les deux compères Kervern et Delépine reviennent une nouvelle fois au cinéma, avec une brochette d'acteurs barrés pour illustrer leurs délires anarcho punk: Poelvoorde, Dupontel, Brigitte Fontaine.
La trame est simple: on suit les déambulations alcoolisées du " plus vieux punk à chien d'Europe", Poelvoorde donnant vie à ce personnage qui se fait appelé "Not". Parallèllement, son frangin ( Dupontel vraiment très bon) , perd son job, sa femme et son enfant et se retrouve à la rue.
Not le prend sous son aile, lui coupe les cheveux à la Taxi Driver, et le rebaptises "Dead".
L'ambiance est tragi comique, cradingue et assez glauque. La plupart des scènes sont tournées en zones commerciales comme il en existe tant en banlieue dans toute la France, et les deux réalisateurs parviennent bien à rendre compte de la laideur et de la froideur de ces zac qui pullulent.
Certaines séquences font mouche et marquent le spectateur ( le suicide du paysan, Dupontel qui pète un cable parce qu'il n'arrive pas à vendre un matelas qui épouse la forme de la tête). Les dérives du capitalisme et ses effets sont bien montrés, et il se dégage une impression de buddy movie destroy urbain, sur fond de poésie barrée à la sauce groland.
La séquence géniale ou Dupontel et Poelvoorde déambulent sur un chemin de campagne en discutant de tout et surtout de rien est probablement l'une des meilleures. Dupontel s'étonne qu'il n'y ai personne dehors, que personne ne marche avec eux " -Mais ils sont où les gens? Ils sont pas sur la route, ils sont pas dans les champs, ils sont pas dans les églises, ils sont où?"
Et Not lui répond sur le ton de la fatalité " - Ils sont chez eux, ils sont tous seuls mais il sont chez eux".
Ce dialogue vraiment excellent ( comme la plupart des dialogues du film) en illustre le propos dans tout ce qu'il a de sombre et inquiétant. Nous savons que nous allons dans le mur, mais chacun dans son coin, seuls.
Un film intéressant qui fait cogiter sur le systeme actuel, dont les premiers signaux de mort imminente se font sentir, mais auquel personne ne propose encore d'alternative miracle.
Certainement le film français du mois.