Le Grand Sommeil par Kalian
Si le scénario, déjà touffu et complexe dans le livre de Chandler, devient parfois cryptique ici, la faute à la censure qui régnait alors à Hollywood (il était en effet considéré immoral de parler de pornographie ou d'homosexualité, tout comme il était interdit par le code Hays de présenter sous un jour favorable un "délinquant"), The Big Sleep reste un chef d'œuvre. Pourquoi?
Pour les personnages magnifiques.
Pour Humphrey Bogart, parfait en Philip Marlowe. Charmeur, cynique, solitaire, ironique, il est le père de tous les "badasses" contemporains.
Pour Lauren Bacall, divine en fausse sainte, à la beauté fatale, au charme ambigu et aux mots venimeux.
Pour les dialogues, jouissifs et drôles, quand ils ne sont pas remplis de sous-entendus délicieux pour qui sait lire entre les lignes.
Pour la réalisation de Hawks, enfin, d'une propreté effarante, qui n'a pas pris une ride en 60 ans. J'imagine qu'elle doit faire rougir de jalousie et de honte nombre de réalisateurs contemporains, empêtrés dans leurs gimmicks qui se démodent en une paire d'années.
La seule raison de ne pas vouloir voir ce film est d'être allergique au film noir. Et, dans ce cas, je ne peux plus rien pour vous.