Le Grand Tournoi (The Quest dans la langue de Joe Biden) est sans nul doute le Van Damme le plus ambitieux… trop ambitieux même. En tous cas, si l'on se penche sur les différents déboires qu'a connus le film et qu'on lit les retours de Roger Moore : ce dernier ayant avoué dans son autobiographie avoir détesté le réalisateur-acteur. Réalisateur-acteur qui n'aurait pas été aux commandes de son propre film tant que ça selon ce même Roger Moore, mettant davantage avant le réalisateur de la seconde équipe, Peter MacDonald (connu pour avoir commis le crime Rambo III).
M'enfin bref, la question n'étant pas de savoir si JCVD a réalisé ou non Le Grand Tournoi (au passage, le seul film qu'il a réalisé, Frenchy/The Eagle Path/Full Love, lui, on attend de le voir depuis 2010), mais ce que vaut intrinsèquement le long-métrage.
Eh bien franchement, j'en suis ressorti agréablement surpris. Le Grand Tournoi s'inscrit clairement dans la lignée d'un Kickboxer et (surtout) d'un Bloodsport. Le premier pour la Thaïlande, JCVD étant amoureux de ce pays (ça lui fait un point commun avec Bruno Attal, mais pas vraiment pour les mêmes raisons… en tous cas, j'espère). Le second pour les combats, le film dont il est question aujourd'hui reprenant une grande partie de sa trame, notamment le tournoi. Quoique vu certains des personnages que le film nous présente, certains d'entre eux faisant très clichés, caricaturaux, on ne serait pas loin de déceler une pointe de Street Fighter dans ce Grand Tournoi justement. Mention spéciale à l'espagnol avec le drapeau Albanais (oui, vous avez bien lu). Quoi qu'il en soit, The Quest arrive à nous présenter des personnages aux styles de combats variés (capoeira, savate…), et surtout, possède des combats à la chorégraphie réussie.
Niveau scénario, sans trop de surprise, ce n'est pas très bon, mais de toute façon, à moins de tomber plusieurs dizaines de fois sur la tête par jour, je ne vois pas ce qui pourrait vous pousser à regarder un film de Van Damme pour cette raison. On sent que le film veut nous mener à son grand tournoi, qu'importe si la manière de nous y mener est cohérente ou non, et si au passage notre belge préféré parvient à nous montrer ce qu'il aime voir au cinéma (particulièrement les pirates et l'Amérique des années 20), tant mieux. Et si ces mêmes séquences nous permettent, au passage, de voir un Van Damme pas très bien vieilli ou déguisé en clown, je prends aussi. Bon après, le coup de « l'Afrique est un pays, Okinawa aussi »… franchement, je pense que vous auriez pu faire un petit effort quand même.
J'évoquais, en introduction de cette critique, quelques-unes des remarques de Roger Moore, sur la réalisation du film notamment. Pour le coup, autant je ne reviendrais pas sur la question du « qui a réellement mis en scène Le Grand Tournoi ? », autant je tiens à souligner que, niveau mis en scène justement, que le long ne s'en tire pas trop mal. Certes, j'ai vu mieux, mais pour un film ayant couté 30 millions de dollars, on voit le budget à l'écran. Au passage, et pour en finir avec ce cher Roger Moore, je dois bien avouer que, sans être un fan du bonhomme (c'est le James Bond que j'apprécie le moins), qu'il s'en tire vraiment très bien, qu'il ne s'est pas servi du prétexte « j'aime pas Van Damme » pour justifier de faire de la merde.
Bref, sans être le meilleur film du bonhomme, Le Grand Tournoi est loin de rentrer dans la catégorie “nanars nuls” que JCVD connaît si bien. En fait, ce serait même plutôt l'inverse puisqu'il aurait davantage tendance à rentrer dans le top des meilleurs Van Damme. En tous cas, on passe un bon moment devant, et je crois que c'est ça le plus important.