Remarqué par « Willow », « Backdraft » et « Apollo 13 », Ron Howard est plutôt polyvalent dans l’exercice de style, mais reste tout de même un yes man dont la patte d’auteur empathie grandement. Il adapte ainsi le roman de Theodor Seuss Geisel, dont le protagoniste illustre le fléau de la fête de Noël, dans un conte qui évoque la notion de famille et d’unité lors des traditions. Entre le ton qui se veut sombre et le décor, vêtu de teintes trop vive, le film s’égare dans le vulgaire, avant que l’enchantement puisse opérer. Fort heureusement, quelques gags auront le don de nous réveiller dans une succession de banalités nauséeuses.
On introduit alors le Grinch, croquemitaine vert, qui insuffle la peur et l’antithèse du Père Noël. Alors que l’un cherche à faire le bonheur de tous, l’autre cherche à répandre le dégoût. Dans cette démarche, calquée sur la touche humoristique d’un Jim Carrey méconnaissable, notamment grâce au maquillage de Rick Baker, on se permet de critiquer la débauche commerciale de l’événement clé de tous les hivers. Le message écologique est sublimé lors de la découverte du faciès de Carrey dans cette peau malléable et plutôt étonnante. Tout droit sortie d’un cartoon, le reste de l’univers manque de créativité et ne parvient pas à se hisser au même niveau que son porte-parole. La magie et l’esprit de Noël, tout est artificiel dans le village de Chouville, où tous vivent pour ces offrandes qui semblent n’acheter que des problèmes. Les cadeaux divisent plus qu’ils ne rassemblent et le discours semble bien représenter que l’auteur souhaitait transmettre, mais l’hommage se perd à mi-chemin et use de mises en scène maladroites pour illustrer les propos.
Caricatural jusque dans l’emballage, on ressent un travail honnête et peut-être trop pour que l’on accepte de parader aux côtés du Grinch ou de la bienveillance des enfants. Mais c’est justement là où la complexité vient tout dérégler dans ce divertissement qui se voulait ouvert, mais qui se restreint aux farces et autres gags insistants, sans modération. Le regard d’un adulte aura déjà vite tout évalué dans ce récit manquant de nuances, alors que l’enfant ne retiendra que la démarche incongrue du Grinch et la noblesse aveugle de son fidèle chien Max. Les histoires secondaires ne seront jamais totalement abouties, ni traitées avec le respect qu’on leur devrait. L’amour improbable et impossible, la réconciliation entre la bêtise et les valeurs de la famille ne seront pas exploités dans leur totalité et dans la justesse dont il conviendrait.
À l’image de la fête de Noël, « Le Grinch » de Ron Howard n’est qu’un déguisement, qui chercher à envelopper tout un ensemble de cicatrice, trop profonde pour que la comédie et l’envoûtement réussissent là où la morale réussit à peine à émouvoir. Le succès ne sera pas au rendez-vous et le divertissement résonnera comme un spectacle de fin d’année des écoles primaires, surcotées et oubliables derrière les décorations qui jurent avec l’esprit de fête.