NOTE : 6/10
En fait voilà, ce film se passe en réalité au Vietnam, Marlon Brando est un descendant de Ewan Stewart et Charlie Sheen de Mads Mikkelsen... On fait face aux mêmes vices, aux mêmes folies, simplement dans ce monde si primaire cela n'est qu'instinct de survie et donc comportement tout ce qu'il y a de plus normal est nécessaire.
Nicolas Windig Refn nous pond un film de quête, qui révèle la nature originelle au sens premier comme au sens figuratif (la nature humaine). Quête de rédemption, quête spirituelle, quête d'une raison de vivre, de tuer, de mourir... et définitivement une quête de sens pour le spectateur, ce film est source de bien des questions. Malheureusement, bien présomptueux serait celui qui prétendrait pouvoir répondre à toutes. Et pour éviter de trop y répondre, le choix est porté sur un aspect primitif de la violence (thème cher a Refn), de la Nature, de l'Homme... mais aussi de la réal (caméra à l'épaule tout du long) et de l'image, avec cette alternance entre sobriété des paysages et images grossièrement traitées (celles avec une saturation assez vilaine). Ces images, même si pas vraiment indispensables montrent bien d'une certaine manière comment Refn possède une très bonne maîtrise de l'image et qu'il le sait, joue avec, triture l'image et le spectateur, ainsi que le rapport de ce dernier à l'image et de lui même à son propre cinéma et à sa propre image …. vas-y essaye de comprendre cette phrase, c'est comme comprendre ce film, en fait … Toujours est il qu'en excluant les quelques visions qui paraissent exagérément baroques dans un film comme celui-ci, la sobriété visuelle, sonore et scénaristique dénote avec une exubérante violence qui, elle, ne fait pas dans la sobriété sans pour autant aller dans le too much car, quand même, c'est le grand maître de la torgnole aux commandes.
Bien sûr, pour que le propos ne semble pas vain et inexistant, les références ne manquent pas : 2001, Apocalypse Now, Le nouveau monde et sûrement tant d'autres films que je n'ai pas encore vus (comme Aguirre probablement...), mais également bien des références à des légendes, des mythologies et à... la Bible rien que ça (peut-on se permettre de voir une réincarnation du christ avec cette quête sacrificielle ?). Et pour apporter une idée (une illusion ?) de construction dudit propos hypothétique, le film se voit affublé d'une division scénaristique en chapitres. Mais cela apporte-il réellement quelque chose à quoi que ce soit ? Y a t-il des piliers ou grands axes à saisir au travers de cette segmentation narrative ? Si oui ils m'ont échappé comme l'ont fait les tripes du bonhomme captif de One-eye... Toutefois, cela a le pouvoir de réveiller le côté évocateur du film et le raccroche davantage à son répertoire de références.
Ce qu'on ne peut retirer à N.W.R. c'est sa capacité à faire de l'image, et à la rendre au service du film et de son contexte. Il crée un univers avec une atmosphère singulière qui va plus loin que la beauté des paysages à l'écran. Dans ce monde, tout ne tient qu'à un fil, comme une pile de rochers exposée aux vents des monts nordiques. La vie, la folie, l'ordre, le chaos, l'enfer, la foi, la raison, le destin...voilà les rochers qui forment cette pile. Et chacun a sa manière de se raccrocher à une quelconque idée de ce que l'on peut se faire d'un esprit pas trop déséquilibré. Bien sûr cela tourne beaucoup autour de la religion : en quoi est-ce une voie praticable dans ce monde hostile ? Les dieux semblent absents tant physiquement (à part au travers de la personne de One-eye ? Un œil ouvert sur le monde tangible et l'autre porté sur un monde intelligible ?) que spirituellement, alors jusqu'à quel point la foi peut elle être inébranlable ? Il semble que de toute manière l'Homme fonde ses croyances mystiques et ses religions sur les mêmes bases : le rapport à la mort, l'incompréhension face à elle et à tout ce qui l'entoure, les sacrifices, la raison de vivre, le besoin d'appartenance, de se rallier à une cause poursuivant une fin précise à laquelle est attribué un certain rang de noblesse pour en justifier les moyens (tuons ces indigènes ! Mais faisons le au nom de Dieu !)...
Au final, il y a vengeance du peuple autochtone sur le peuple envahisseur. Refn est en fait un auteur engagé ! Il est contre la guerre du Vietnam … ah non pardon, il réprime le massacre des amérindiens, questionne (sans aller jusqu'à condamner ?) la religion et l'impérialisme, met en exergue la désillusion de voir en l'Amérique une terre promise, ou une terre sainte ou peu importe le nom qu'on lui attribuera tant que cela évoque une idée salvatrice.
Malheureusement aux côtés de films comme Drive, Neon Demon, Bronson ... Valhalla Rising ne peut s'illustrer comme un chef d’œuvre dans la filmographie de Refn. Il a tout de même le mérite de poser beaucoup de question et de faire le témoignage d'un exercice de style qui contribue à former la patte si particulière qui est propre à Refn.