Il n'y a rien de plus bruyant que le silence devant la contemplation de cette fresque métaphysique
Le Guerrier silencieux est un film britannico-danois sorti en 2009 réalisé par Nicolas Winding Refn. Le film a été tourné intégralement en Écosse, dans les Highlands. Le scénario est de Nicolas Winding Refn et Roy Jacobsen. Une long métrage avec pour seul budget, 4 millions de livres. On est loin des Blockbusters sans saveurs...
Valhalla Rising commence sur une côte désolée, où les chefs de clans rivaux s’affrontent. Pendant des années, le guerrier le plus redoutable et efficace a été une figure énigmatique connu comme One Eye (joué par l’ inestimable Mads Mikkelsen, star des deux premiers films Pusher, ainsi que Casino Royale et Coco Chanel & Igor Stravinsky).
Silencieux et mortel, One Eye a vaincu tous ceux qu’il a rencontrés, mais il est traité comme un animal plutôt qu’un guerrier. La seule personne avec qui il ait une quelconque relation est le jeune garçon qui lui apporte de sa nourriture et son eau quotidiennes. Constamment en cage et enchaînés, One Eye a attiré l’attention d’une nouvelle force balayant maintenant la campagne et le déplacement des leaders de la société : les chrétiens.
Déterminé à revendiquer un territoire pour sa foi, le chef d’une bande de chrétiens s’embarque dans une odyssée malheureuse vers la Terre Sainte avec One Eye et le jeune garçon Are.
Sacré Nicolas Winding Refn !! il nous prend par surprise là où on ne l’attendait vraiment pas. Lui qui avouait a un journaliste sa non-connaissance du monde Vikings : "Le premier jour du tournage, j’étais déprimé : je ne savais rien des Vikings et ça ne m’intéressait plus du tout. Quelle idée de faire un film sur un borgne qui n’a ni passé, ni futur ! Mais j’ai décidé de faire confiance à mon instinct. Et dans ce sens, c’est devenu pour moi aussi un véritable voyage psychédélique vers l’inconnu."
Un voyage psychédélique, tel est le mot, de chef d'oeuvre du cinéma. Sous l'apparence d'un film de vikings, Nicolas Winding Refn va beaucoup plus loin et livre un véritable choc philosophique autant qu'esthétique. La présence de mads mikkelsen dans le role de One-Eye, est bluffante. Si la première partie livre une violence crue et brutale, faisant de One-Eye une sorte de monolithe, la seconde abandonne quasi totalement cet aspect pour laisser place à quelque chose virant vers le métaphysique. Le réalisateur arrive a faire a progresser ce guerrier silencieux dans le brouillard ténebreux, un sentiment de peur nous courbe l'échine lors de cette aventure, dont seul le héros, silencieux, affrontera...
Si One Eye est muet, la musique et les bruitages ont tôt fait de le remplacer, Nicolas Winding Refn mettant en place une permutation continue entre son héros et les éléments filmiques : puisqu’il ne parle pas, la musique le fera. Un tour de force et un pari reussi pour le réalisateur.
Techniquement, Valhalla Rising est a proposer non pas comme un film, mais un film-expérience. Tout simplement car la technicité de l'oeuvre est tels que que l'on pourrait l'utiliser dans les école de cinéma. L'éclairage fastueux faisant ressortir un paysage dévasté de plus en plus inquiétant à mesure que les personnages s’enfoncent dans les ténèbres, des couleurs envoutantes variant du rouge sang au bleu métal, des visages souffrants déformés par le doute, un flou artistique mélangeant les émotions et propulsant le spectateur dans un état second, à la fois hallucinogène, hypnotisant et fascinant. Le son, horrifique, associé à la beauté d’images teintées de noir et de rouge, nous fait resortir nos émotions les plus profondes, nous ne sommes pas devant un film, nous sommes devant quelque chose d'intemporel, qui nous émerveille et nous inquiete en meme temps. Il se cache une oeuvre singulière, dont la radicalité narrative et formelle intrigue le spectateur, à défaut de toujours convaincre de simple spectateurs venue dans les salles obscurs, avec pour seul objectif de voir de la violence, encore et toujours...
La Bande Originale est quand a elle, de tres bonne facture. Le duo Peter Kyed (effets electroniques) & Peter Peter (guitariste) signent une partition hypnotique pour le film. Comment etre en désaccord avec la bande son, sachant qu'il n'y a pas de paroles durant une l'intégralité de l'oeuvre ? c'est la BO et les images qui font de cette oeuvre, ce qu'elle est.
Rarement au cinéma on éprouve cette sensation d’abandon complet devant un film, Valhalla Rising nous emmène dans des lieux impraticables pour peu qu’on fasse l’effort de s’abandonner complètement .Ceux qui ne pourront pas s’abandonner à cette expérience unique et instinctive risquent de sombrer dans un ennui profond. Pour les autres, une expérience fascinante, Une œuvre anti conformiste et insaisissable.
Il y a donc là matière à analyse, car Valhalla Rising est un film qui se dévoilera sans doute un peu plus à chaque nouvelle vision. Ce cinéma la, est rare, trop rare, mais tellement compliquer a mettre en place sans une certaine dose de talent.
Un poème visuel à ne pas mettre entre toutes les mains, donc.