Quelques mois seulement après le surprenant Bronson, Nicolas Winding Refn revient avec une nouvelle surprise, un film d'époque quasi-muet, très très loin de ses habituels films noirs aux allures de thrillers modernes. Le réalisateur danois fait donc un nouveau pas et offre à sa filmographie un nouveau tournant. Car ce Guerrier Silencieux peut, comme son précédent film, en dérouter plus d'un, voire même s'attirer quelques haters qui cracheront sur l'incompréhension que peut dégager le film. Toutefois, Valhalla Rising est un film unique, une expérience époustouflante, un nouveau coup de poing dans la gueule qui a bien pris son élan...
Winding Refn retrouve pour l'occasion son acteur fétiche Mads Mikkelsen, abandonné depuis Pusher II, pour une quatrième collaboration. Il incarne ici un homme sans nom, l'esclave de Vikings qui va s'affranchir et vivre une aventure en terrains inconnus auprès d'un enfant. Surnommé Le Borgne par ce dernier, il va se joindre avec réticence à une bande de Croisés pour une aventure en vue d'atterrir en Terre Sainte, ou plutôt aux confins des ténèbres... Si le pitch se rapproche au début de celui de Conan le Barbare, le reste du film et surtout son atmosphère en sont très différents, Winding Refn allant encore plus loin dans le soin de la photographie et le pouvoir du silence.
Il délivre ainsi un film incroyablement puissant qui n'a pas besoin d'effets spéciaux ni même parfois de mots pour demeurer. En fait, Valhalla Rising est un chef-d'œuvre qui prouve que son réalisateur n'est pas un simple faire-valoir mais bel et bien un auteur. N'y voyez donc pas un film bourrin ni même un produit d'action, le long-métrage est d'une lenteur pesante, enivrante, obnubilante, 80 minutes intrigantes où le spectateur est juste happé par ce qu'il voit, par ce qu'il vit.
Des thèmes forts sont présentés tout en nuances, à l'instar de séquences parfois difficilement compréhensibles (la scène de viol, les visions du Borgne) et qu'il laisse l'histoire exister d'elle-même, avec plusieurs interprétations aux différences minimes. Winding Refn nous sert ainsi sur un plateau d'argent un film d'époque d'un réalisme saisissant, une fresque filmique à la beauté renversante, aux décors naturels bouleversants et à l'interprétation au-delà de toute concurrence (Mads Mikkelsen dans le rôle de sa vie, ou l'homme le plus imposant du monde). Du cinéma, du vrai.