Le silence est endormant.
Une énorme déception. Monumentale erreur, comme dirait l'autre. Pour les esthètes en diable qui ne se figent pas sur une critique, il y a de quoi manger ses poings. Suivre l'écho de la foule alarmée n'est jamais que grand conseil de sage. Mais le singe n'en fait qu'à sa tête, et ses grimaces en disent long sur le désastre encouru à s'engouffrer dans une salle obscure devenue objet de torture. Soporifique. Les images sont belles, on contemple le paysage, assis, à défiler devant soi, sans discontinuer. Mais à perte de vue, une médiocrité sans borne. Une pauvreté sans nom. Un film qui brille par son inutilité. De ceux qu'on retiendra pour leur étiquette : glissez la notice sous le ticket d'entrée, sur un timbre confettis, cela suffira. Alors le film brigue le mandat du réalisateur, pour qui il aurait mieux fait de s'abstenir, ou au mieux de ne faire profiter de son mode d'emploi que dans un cercle familial restreint. Conçu pour lui-même, cela se ressent dans chaque temps, mort, profondément lent. On vitupère contre le cinéma lorsqu'il nous accable de tous défauts : l'abêtissement, duquel on voudrait fuir à tire-d'aile. Asservis, pauvres trois spectateurs que nous sommes à subir le joug du temps et de l'argent perdu, égrainé de nos poches en pure perte. Triste sort que ceci. Et pourtant. On pensait avoir droit à une ressemblance. A un fond de familiarité. Connaissant le bougre cinéaste pour son punch Pusher, on pouvait crier « à l'assaut ! » sans avoir à rougir. Mais tristement, non... Tout nous accable. On regrette. Le temps, l'argent, notre fatigue. Notre week-end... La pluie... des connotations négatives à perte de vue. Et rien pour nous contenter dans ce marasme aux dialogues vides, pauvres, creux, aseptisés. Volontairement ? Fort possible. Cela confère un caché, certes. Mais de quelle stature ? L'objectif est-il de rendre hommage à Rambo, sous des faux-semblants philosophiques au ridicule flagrant ? Triste. Toujours. Triste, encore. Comme ce brouillard, qui parcourt au final de long en large un film au scénario minime. Où est l'intrigue ? Où se cache-t-elle bon sang ??? On l'a perdue en route, tout simplement, derrière des crochetages pompeux, des collages d'images couleur hémoglobines, en prolepses, flash-forwards, projections ineptes et putassières. Baveuses, elles ne servent, comme le reste, à rien. Nous endormir, tout au plus. Envie de fuir, en somme, mais rien, rien, rien, on cède à l'apathie, au final. Et pourquoi pas, alors ? Peut-être que c'est le message du film : du rien peut naître le tout. On se gargarise, alors, gaillards que nous sommes, ragaillardis par cette leçon de médiocrité filmique qui n'aurait jamais dû voir le jour, si ce n'est dans la sombre imagination d'un réalisateur dont l'ambition de l'image a enfoui toute matière sémantique loin, au large, d'un nouveau monde que l'on aurait préféré ne jamais connaître.