Avant de s'essayer aux films historiques sur les guerres du Japon médiéval avec Le Héros sacrilège, Kenji Mizoguchi avait jusque-là l'habitude des drames intimistes centrés sur le quotidien de femmes évoluant avec peine dans un milieu misogyne.
La transition entre ces deux genres différents a été trop brutale pour le réalisateur japonais qui ne semble pas maîtriser la réalisation de son film : Mizouguchi ne sait pas gérer ni filmer un grand nombre de figurants et surtout lors des échauffourées chaotiques, beaucoup de scènes sont expédiées trop vite alors qu'elles auraient mérités plus d'attention et les quelques flash-back du film sont très scolaires et grossiers.
S'ouvrant sur un long préambule qui explique avec brio la situation politique complexe du Japon de l'époque, empirée par un climat d'injustice, de corruptions et de querelles intestines qui déchirent le pays de l'intérieur à cette époque, le film tente maladroitement dans sa brutalité de ton d'éveiller un sentiment révoltant chez le spectateur à travers la condition des samouraïs, méprisés par les classes sociales supérieures alors qu'ils sont les premiers à tenter de résoudre les problèmes du peuple.
Le problème, c'est que le réalisateur ne montre pas l'injustice qu'il semble vouloir dénoncer, le peuple est abandonné au profit de la quête de Kiyomori, protagoniste du film, pour gagner le trône impérial qui semble lui être dû après qu'il ait découvert ses vraies origines.
Les conséquences des décisions et des actes des personnages principaux ne sont jamais montrées à l'écran et semblent donc déconnectées d'une quelconque forme de réalité.
Personnages principaux qui ne sont point réellement développés.
Le film est heureusement rattrapé par la gestion des couleurs d'une virtuosité rare du réalisateur qui donne du charme au film et naissance à des images magnifiques.
On regrettera que le film s'achève sur la scène où Kiyomori voit sa mère insouciante dans une plaine bondée de nobles, le jour qui précédera de violentes batailles, alors qu'un peu de tension commençait à s'instaurer après que ce dernier ait repoussé la coure impériale et son armée avec un simple arc et quelques flèches.
Ce film ne connaîtra jamais de suite et la sensation que son réalisateur n'a pas maîtrisé sa réalisation est donc empirée par l'impression d'une oeuvre inachevée.