[**** Critique SANS SPOILERS***]
C'est non sans grand plaisir que j'ai pu assister ce soir à l'avant-première mondiale de la conclusion de cette grande fresque de Fantasy, démarrée en 2001 sur nos grands écrans, sous l'égide du grand fou rêveur qu'est ce cher Peter. Je tiens à préciser avant toutes choses que malgré les défauts qui parsèment les deux premiers opus de cette deuxième trilogie, ils ont globalement réussi à me séduire.
Ainsi donc me voilà dans la salle obscure avec pour mise en bouche un long, très long, tapis vert où ont défilé les uns après les autres les acteurs qui ont bien voulus répondre présent à cette projection précoce londonienne. Et jamais je n'ai entendu autant de fois prononcer les mots "exceptionnel", "magnifique", "Incroyable" et "émotif" en si peu de temps, déblatérés par une piètre traductrice que je soupçonne être la même que celle qui sévissait lors des derniers E3 ( Ceux qui se souviendront comprendrons le malheur... ).
Mais bref, ça, on s'en fout. Qu'en est-il du film ? Qu'en est-il de cet étalement spéculatif d'une infime partie de livre sur plus de deux heures ? Et bah ma foi... c'est pas mal du tout. Je finirai presque par soupçonner que l'ajout d'un troisième volet à cette trilogie qui n'en était pas une initialement, avait pour but premier, plus que pure spéculation, de permettre à Tonton Jackson de pouvoir se noyer de bonheur dans l'epicness la plus totale, comme si les parties de Warhammer d'antan lui manquait. Mais bon, là, je rêve un peu quand même.
Car oui, c'est le mot qui vient forcément en bouche après visionnage du film. Épique. Car certes, voir une bande de petits nains faire la vaisselle en chantant, se balader en forêt, lancer des pommes de pins, c'est bien charmant et bucolique, et voir un des dragons les plus bluffant de l'histoire du cinéma, c'est bien impressionnant, mais il manquait quand même à tout ça un certain souffle, que, arrêtons de nous mentir, nos petits cœurs d'enfant crèvent d'envie de voir au cinéma de temps en temps. Le souffle épique. Et là, on est servi.
Donc, après une introduction brève, qui aurait finalement du être la conclusion de l'épisode précédent - mais ça aurait spolié les producteurs d'un bon gros cliffhanger des familles - et ainsi permettre aux trois films d'avoir une existence propre, on est tout de suite plongé dans le bain (avec quasiment autant d'eau que de feu). Puis, après, les pions sont mis en place petit à petit, pour enfin aboutir à cette fameuse bataille qui nous est promise par le titre du film, où s'enchaînent des moments de bravoure tous plus abusés les uns que les autres, pour notre plus grand plaisir, évidemment. On y trouve alors ce qu'on est venu chercher, du grandiose, et du spectaculaire, mais avec tout de même une sacrée impression de raboutage et de superflu, qui laissera sans aucun doute aux détracteurs matière à tergiverser. Petit bémol également sur la composition d'Howard Shore. Bien qu'elle dynamise un peu les thèmes mélodiques employés pour les Hobbit, il n'y a rien de bien nouveau à se mettre sous les oreilles, et elle n'aura pas su atteindre la majesté de celle de la première trilogie.
Ce film est donc clairement dans la lignée de ses deux prédécesseurs et risque de ne pas convaincre ceux qui ne l'ont pas déjà été. A ceci près que j'ai trouvé la photographie plus belle ( j'aurais même envie de dire encore plus belle ), avec des paysages toujours plus somptueusement panoramiques et une 3D, qui, pour une fois, aura su les mettre en valeur, avec une impression de profondeur de champ vertigineuse. A cela près également que les éléments de l'intrigue cherchant à donner une cohérence à l'ensemble de cette double trilogie m'ont paru plus justifiés et justifiables, la saga désormais close et complète.
Ainsi, je vais faire comme dans le film, et ne pas m'éterniser sur la conclusion - ouf ! -, mais juste dire que c'est avec une grande jouissance que je me suis replongé pour la dernière fois dans la Terre du Milieu, pendant ces deux heures et demi - que je n'ai réellement pas vu passées - qu'ont duré les adieux de Jackson à l'univers de Tolkien. Toutefois... c'était quand même un peu comme le père noël en praline sur la bûche en chocolat... Délicieusement sucré, mais... peut-être qu'on ne s'en serait même pas aperçu s'il n'avait pas été là...