Bon, c'est parti, je me lance pour ma première critique rédigée sur un film que je ne maîtrise pas et dont je digère le visionnage récent dans la salle obscure de cette chère ville qui, comme New York en 2012, a failli connaître l'invasion xénomorphe d'un redoutable envahisseur avant qu'un personnage héroïque ne Martel avec bravoure cet ennemi menaçant. Sauf que quand ça martèle à coup de Mjöllnir, ça le fait avec une belle brochette de potes fou furieux, et ça déclenche chez moi un déclic sur le potentiel que peut avoir l'univers de la maison des idées sur grand écran, quand le travail est fait avec panache et conviction, me faisant par la même effacer tout regret de m'être infligé les prémices de cette épopée, lorsque je n'étais qu'une chenille réfractaire avant que je ne me métamorphose en papillon fanboyiste et aveugle après m'être imprégné de la richesse de l'univers en format papier.
Tout ça pour dire que, désormais, avec l'initiation de la phase 2 de ce MCU, j'apprécie les films en prenant compte de leur intégration dans une cohérence plus vaste, et ça, il faut bien l'avouer, chez moi, ça a toujours déclenché une indéniable baisse de la sévérité de mon jugement. C'est pourquoi j'ai pu réellement prendre plaisir en voyant les dernières moutures des aventures de Thor et JARVIS, le dieu en armure et au marteau, et l'armure du monsieur un p'tit peu marteau. Tout en gardant un petit goût amer en bouche, car les péripéties individuelles de tous ces gentils bonshommes sont quand même fades comparées à celles vécues en groupe !
Mais pour le soldat de l'hiver , il y a clairement une remontée de niveau; et, s'il n'atteint pas le degré d'enthousiasme que j'ai pu ressentir lors de la réunion des vengeurs, mon engouement envers ce film narrant les doutes, les questionnements, et surtout les putains de tatanes de Steve Rogers, n'est pas en reste. Une histoire solide, avec ses rebondissements qui ne nous prennent pas totalement pour des brebis, s'échappant enfin un peu du carcan de la typique structure du film de super-héros, avec en prime un ton finalement plus proche d'un James Bond que des autres productions du genre, et des scènes d'action survitaminées, qui prennent aux tripes au rythme des bad guys qui valsent sous les falcon punch et les ricochets de vibranium, parsèment l'ensemble. Se dégage de toutes ces chorégraphies terriennes et aériennes une folle nervosité qui a su faire exploser mon âme d'adulescent en même temps que les murs de placoplâtres. De plus, une vraie progression dans la méta-histoire de l'ensemble des films, et même d'un postulat de fin surprenant, qui permet un peu d'effacer cette désagréable sensation de bouchage de trous entre deux réunions de l'équipe complète.
S'ajoute à ça un Chris Evans sacrément solide et qui réussit à donner vie à un Captain America crédible et charismatique dans son rôle de brave leader, malgré les reproches que j'entrevoie par-çi par-là sur l'acteur aussi bien que sur le personnage qu'il incarne. Car il faut bien l'admettre, Captain America, au même titre que superman, est mal-aimé dans nos bonnes campagnes françaises. Tous deux étiquetés porte-étendard de ce patriotisme américain qui nous laisse, à raison, septique. Tous deux moqués et bafoués. Mais c'est injustement oublier que quand ils sont écrits par des scénaristes qui savent les manier et les maitriser, ce sont plus souvent les travers et les exagérations de ce patriotisme qui sont pointés du doigt. Plus particulièrement chez l'homme au bouclier, c'est la rencontre incongru de ce patriotisme sous la forme qu'il a pu connaître lors des années 40, confronté à l'époque moderne, qui créé tout le sel de cette écriture. Et m'est avis que de ce point de vue là, le film des frères Russo s'en sort rudement bien, et certaines scènes de cet homme perdu hors de son époque en serait presque touchante.
Alors certes, Black Widow sonne parfois très faux. Certes "Commence les machines", ce n'est pas du français, et de plus, les franco-algériens parlent rarement avec un accent québécois à couper au sabre laser. Certes t'es obligé de te dire merde, nan, sérieux, c'est quoi cette tronche d'émo juvénile quand le soldat de l'hiver perd son masque. Certes la musique est fade au possible. Certes le placement de produit pique à certains moments les yeux. Certes la 3D, bien que propre, est une fois de plus inutile. Certes on ne philosophe pas sur notre place dans l'univers.
Mais bon à coté de ça les deux heures passent comme un Quicksilver à pleine vitesse, Steve a ses beaux moments, Samuel assoie le fait qu'il EST Nick Fury, l'introduction du faucon est réussie, et Pierce, le personnage joué par Redford, tient franchement la route. S'ajoutent à l'ensemble quelques références et caméo bien sentis et un post-générique qui fait bouillonner mon impatience à l'égard de la suite. Et le pire c'est qu'au moment où j'écris ça, ma playlist aléatoire a l'audace de faire résonner le thème épique de Silvestri.
Pour conclure simplement, rien de bien étonnant. Si on est hermétique aux super-héros et à leurs adaptations grand public, on se fait chier. Mais si on est atteint de cette saleté de geekite aiguë, c'est le pied.