- Il y aura une grande fête ce soir. Des chants seront chantés, des histoires seront contées, et Thorin Écu-de-Chêne deviendra une légende.
- Je sais que c'est comme ça que vous devez l'honorer, mais pour moi il n'était pas que cela. Il était... pour moi... il était... Bon je vais m'éclipser et vous direz au revoir aux autres de ma part.
- Vous pouvez le faire vous-même.
- Si l'un d'entre vous passe devant Cul-de-sac... le thé est à quatre heures avec de tout à profusion. Vous serez toujours les bienvenues. Heu... Inutile de frapper.
Critique de la version longue
C'est un bonheur mais aussi une tristesse de retourner pour la dernière fois aux côtés de Bilbon, Gandalf, Legolas et la compagnie de nains de Thorin dans la Terre du Milieu. Peter Jackson propose avec La Bataille des 5 armées une impressionnante conclusion qui se rattache très bien aux deux derniers films mais aussi au début de la trilogie Le Seigneur des Anneaux, bouclant intelligemment la boucle. La bataille des cinq armées est une oeuvre forte et audacieuse dont il est difficile de ne pas s'émouvoir avec une réalisation techniquement magnifique et des cadres complètement dingues, une belle prouesse. Ce troisième film est moins axé sur l’aventure et la découverte initiée par une quête pour reconquérir le mont d’Erebor ancien grand royaume Nain à la terrible solde du terrible dragon " Smaug " pour récupérer le joyau unique de l'arkenstone et réunifier le royaume, car il s'agit avant tout d'un film de guerre.
Un film de guerre efficace au rythme soutenu qui va crescendo autant dans l'action, que dans le développement des personnages qui trouvent tous une conclusion satisfaisante. Avec ce troisième opus on quitte définitivement le burlesque ( même si... ) pour se centrer sur une intrigue violente aux proportions dramatiques étonnante, vu que plusieurs personnages appréciés trouveront la mort durant l'ultime bataille. Cela ajoute un ton dramatique intense et larmoyant qui va encore plus loin que Le Retour du roi, qui ne sacrifie presque aucun de ces personnages principaux. La guerre à son lot de conséquence et de larmes, ce que La Bataille des 5 armées ne manque pas de nous rappeler.
Il y a beaucoup de séquences extraordinaires, notamment l’ouverture avec Smaug qui annonce du lourd pour la suite. La confrontation épique entre Saroumane le mage et Elrond seigneur elfe de Fondcombe des Monts Brumeux contre les neuf anciens seigneurs humains spectres esclaves avant qu'ils ne deviennent les Nazgûl. Je retiens en particulier le combat entre la sorcière elfe Galadriel qui dévoile enfin tout son potentiel ultra-puissant contre l'esprit de Sauron. Néanmoins je parlerais avant tout de la bataille principale qui déchire tout sur son passage, avec en conclusion l’affrontement spectaculaire Legolas contre Bolg, ainsi que celui de Thorin contre Azog qui tiennent leurs promesses.
En matière de bataille épique, ce film n'est pas en reste et n'a pas à rougir devant celles du gouffre de Helm et des Champs du Pelennor. La bataille est sans cesse inventive, longue et épique. La mise en scène est remarquable, on ne sait plus où donner de la tête car il en arrive de tous les coins. Le plus astucieux et innovant pour cette bataille vient des différentes tactiques de guerre employées entre chaque peuple. Un procédé qui rend le tout encore plus incroyable et crédible. Niveau stratagème et arme de guerre on est remarquablement servis, avec des outils de combats ingénieux et originaux. Voir des nains sur des béliers géants, ou encore un porc de combat est tout à fait bienvenu, de même qu'un elfe sur un majestueux cerf en la personne du Roi elfe Thranduil. Les orques ne sont pas non plus en restes avec un bestiaire étonnant que l'on avait encore jamais vu jusqu'ici.
Peter Jackson insuffle une véritable identité à cet affrontement de par sa richesse diverse, mais aussi en ponctuant les affreusetés de la guerre avec de l'épique ainsi que du dramatique. Cette ultime bataille ne relègue à aucun moment les personnages principaux au second plan, chacun brillera dans son coin au cours d'ultimes duels où les méchants principaux ne seront pas rayés de l'histoire en hors champ (Saroumane), ou en seulement deux trois mouvements (Saroumane VL/le Nazgûl Roi-Sorcier d'Angmar).
Ce film récompense les attentes du public au niveau des développements de tous les personnages qui trouve ici une finalité réfléchie. Bilbon prouve dans cette quête qu'il est totalement différent de Froddon. Bilbon grandis des épreuves qu'il rencontre, il ne subit pas les évènements, il les choisit pleinement. Une séquence très marquante montrant l'évolution de celui-ci vient lors d'un échange avec Gandalf.
- Ne soyez pas idiot. Vous ne passerez pas.
- Pourquoi ?
- Parce qu'ils vous verront arriver, et vous tueront.
- Non rassurez-vous. Ils ne me verront pas.
- Il en est pas question. Je ne le permets pas.
- Je ne vous demande pas la permission Gandalf.
À ce moment-là, Bilbon devient la véritable légende. Bilbon Sacquet l'Hobbit gentil, timide et casanier, aimant son confort n'est plus. Il s'émancipe de tous, et devient un aventurier à part entier. Rentrer à la Comté devient dès lors la récompense d'une longue pose à venir, durant laquelle le guerrier savant Hobbit armée de sa plume contera ses aventures pour préparer la génération suivante à prendre le relais.
Une fois encore le plus intéressant vient de la relation qu'entretient Bilbon avec Thorin Écu-de-Chêne, souverain d’Erebor, fils de Thrain II, petit-fils de Thrór. Cette relation sera à l'origine d'un final bouleversant où Bilbon m'a fait verser la larme plusieurs fois. Thorin est de loin le mieux travaillé. Il montre une nouvelle facette totalement pervertie par le pouvoir maléfique de l'or portant l'essence de Smaug. Il réussira néanmoins à briser les chaines de la corruption prouvant qu'il est un vrai héros. Le duel final qu'il mène contre Azog est intensif, on sent la dualité qui oppose les deux. L'heure des comptes à sonner entre eux, et je peux vous dire que vous ne serez pas déçu. Bien que j'adore Bilbon et Tauriel, Thorin est de loin le plus passionnant personnage de la trilogie. Le reste de la troupe de nain brille durant la guerre, je garderais en mémoire les étranges techniques de combat de certains. Gandalf prend peu de place, mais parvient grâce à sa présence sans failles à livrer des séquences marquantes. Enfin on daigne nous montrer son anneau Narya du feu, un des trois anneaux donnés aux elfes, ainsi que celui d'Elrond et de Galadriel. Bard prend plus de place en en tant que leader, sa confrontation contre Smaug est réussie.
La romance entre le nain Kili et l'elfe Tauriel est indéniablement touchante, mais étonnamment jugé comme étant trop fleur bleue ce que je réfute, car autrement se serait oublier la romance entre Aragorn et Arwen. Le Roi elfe Thranduil amène toujours plus de nuance en prouvant que les elfes aussi sont capables de cupidités. Thranduil est un personnage très marquant, visuellement superbe, possédant une technique de combat très élégante. Legolas en mode berserker, moins adepte du sourire comme dans la trilogie Le Seigneur des Anneaux, est badass. Son duel final contre Bolg suspendu dans le vide est tout bonnement génial. On découvre finalement que c'est sa déception amoureuse avec Tauriel ainsi que le comportement de son père Thranduil, qui le conduiront à partir et à rencontrer Aragorn que l'on cite dans le film. Azog et Bolg sont une véritable réussite, deux antagonistes qui auront eu un super traitement du début à la fin.
J'en viendrais néanmoins à regretter un point essentiel qui m'a tout du long agacé au point de me sortir plusieurs fois du film, le personnage d'Alfrid. La première fois s'est amusant de le voir se faire rabaisser, mais le gag autour de ce personnage détestable est maintenu au point de le faire apparaître toutes les 15 minutes, pour le voir faire le guignol méchant. Ce personnage n'est jamais drôle et prend beaucoup trop de place, il aurait dû rapidement mourir. C'est vraiment le point détestable du film.
CONCLUSION :
On retourne pour la dernière fois en Terre du Milieu sous la tutelle de Peter Jackson qui réussit habilement à capturer les sensations et le ton du matériel de base de Tolkien, pour livrer une vision personnelle mais pertinente car toujours dans l'esprit de l'oeuvre originale. Peter Jackson livre avant tout une lettre d'amour à l'univers de Tolkien, et pas qu'une descente dans l'opportunisme au box-office. Je trouve trop facile et méprisable de cracher sur son travail : "seulement parce qu'il y a quelques différences avec le livre." N'oublions pas que sans Peter Jackson, jamais nous n'aurions eu l'univers de la Terre du Milieu adapté au cinéma ( chose que l'on pensait impossible à faire ). Cela ne l'exonère pas de faire un mauvais film, ni des erreurs, mais je pense qu'il mérite bien mieux qu'un vulgaire : " c'est bidon car ce n'est pas exactement comme dans le livre/cette saga est pourrie car elle n'est faite que pour faire gagner de l'argent." Une conclusion avec les honneurs, pour une saga de taille qui m'aura émerveillé à travers son univers incroyablement riche et magnifique. Une franchise qui sent avant tout la passion.
Bravo Peter Jackson et merci pour avoir réussi à faire rêver comme un enfant l'adulte que je suis.
- Ils voudront l'enterrer.
- Oui.
- Si c'est cela l'amour je n'en veux pas. Que l'on m'en libère. Par pitié. Pourquoi cela fait-il tant souffrir ?
- Parce que cet amour est vrai.