Enfin, ça y est, j'ai vu le dernier opus du Hobbit. Je sors tout juste de la salle, comme on sortirai tout juste un cupcake d'un four (voyez la belle comparaison !)

C'est fini. Y'a plus rien après.

Et vous savez quoi ? Je ne ressens rien. Seulement un petit serrement de gorge à l'idée de voir Ian Mckellen pour la dernière fois au cinéma. À part ça, je dois avouer que je suis un peu indifférente.

Sans doute que j'y suis allée avec des a priori. Sans doute que j'ai perdu mon âme d'enfant. Sans doute que je suis une p'tite vieille qui n'arrive pas à s'adapter à l'évolution d'Hollywood, et sans doute que si j'avais eu 12 ans, j'aurais adoré et vécu le film comme j'ai adoré et vécu la trilogie du SDA.

Sans doute.

Je suis navrée, mais je n'ai plus 12 ans, et je n'arrive plus à trouver "classe" ce surplus d'effets spéciaux, de réalisme en synthèse, cette volonté de faire "toujours plus beau" et "toujours plus grand".

Je préviens que ce qui va suivre n'est plus une critique, mais plutôt un coup de gueule d'une fan pessimiste, grognon et déçue. Un coup de gueule rempli de spoil, de racontage de vie et d'un esprit "c'était mieux avant". Bah ouais. Des fois on a envie de dire merde.

Je tiens à dire tout d'abord que je suis une fan incontestée de Tolkien, et plus particulièrement du SDA. Libre à vous de me jeter la pierre si je vous dis que je n'ai lu aucun des livres, je ne vous blâmerai pas (mais tapez pas trop fort quand même).

Je me suis donc contentée des adaptations cinéma, disais-je, que j'ai dû voir pour la première fois à 10 ans. À l'époque, cela m'avait paru grandiose, j'étais tombée totalement amoureuse de l'univers et des personnages.

L'annonce du retour de Peter Jackson avec l'adaptation du Hobbit, en 2012, sonnait comme une promesse, et je pouvais déjà voir la bouille réjouie de Bilbo reprendre vie à l'écran grâce au talentueux Martin Freeman. Si le premier opus m'avait remplie d'espoir, le second m'avait laissé en revanche un avis plutôt mitigé. Les gags lourds, les situations grotesques, le scénar prévisible et la synthèse trop présente commençaient à m'ennuyer.

Mais malgré tout je m'efforçais de conserver mon esprit bon enfant, et je me rassurais en me disant que de toute façon, le dernier film ne pouvait que remonter le niveau. Eh puis, cette bande-annonce qui claquait, ce chant hobbit que l'on ne reconnaissait que trop bien, ne laissait-il pas entendre le retour aux sources si attendu ? Certains en seront peut-être satisfaits ; pour ma part, j'ai été bien déçue. Si La Bataille des Cinq Armées est un bon film, il ne dépassera jamais pour moi le statut de blockbuster familial distrayant, pour les non-initiés à l'heroic fantasy. Quelques arguments pour illustrer mes propos véhéments :

Les nouveaux personnages sont inintéressants et caricaturaux au possible (mention spéciale à l'espèce de bossu en corset dont j'ai oublié le nom et à cette potiche de Tauriel tout droit sortie d'un roman pour nunuche. Non mais le coup du triangle amoureux à la Twilight, j'ai failli m'enfuir.) et même les anciens nous paraissent insipides. Legolas, si élégant dans le SDA, n'est plus ici qui mâle en rut au regard de faucon et aux combos ridicules (et vas-y que je découpe douze orcs avec une seule flèche avant de bondir sur un rempart justement à proximité pour arriver sur le dos d'un gobelin que j'ai empalé depuis trois heures en te faisant un triple salto arrière sur des rochers en LEVITATION je vous prie. Sisi je vous jure. Tout ça sur fond de coucher de soleil, avec un peu de vent dans les cheveux.) Les nains sont trop "nains", bourrins et balourds, Bard est correct mais sa marmaille nous insupporte plus qu'autre chose (trois putains de gosses qui n'ont qu'une réplique à la bouche : "papa !"), le Grand Méchant n'est pas menaçant pour un sou. Elrond et Gandalf sont les seuls fidèles à eux-mêmes, toujours aussi classieux à l'écran mais trop mis en retrait.

Je profite de ce point sur les personnages pour coup-de-gueuler sur la scène la plus épileptique de toute l'histoire du cinéma. Vous voyez de quoi je veux parler. Si si. Galadriel, cette "noble dame" qui aurait pu être tellement gracieuse dans une des scènes majeures des 2 trilogies, cette noble dame est totalement tournée en ridicule, et ridiculise le film entier. Sérieusement, ça se passe de commentaire.

Quant à Bilbo, j'ai bien l'impression qu'il ne sert que de prête-nom. Notre cher semi-homme est de moins en moins présent au fil des opus - c'est bien dommage, il était sans doute le personnage le plus attachant de la série - et ses mimiques burlesques et ses yeux pétillants n'arrivent malheureusement pas à faire passer les trop nombreuses longueurs qui cassent le rythme du film. On en viendrait même à regretter cette pédale de Frodon, aux iris trop bleus et à la voix mélodieuse d'un ménestrel épanoui, un peu tête à claque parfois, mais qui avait le mérite de porter trois chefs-d'œuvre mémorables sur ses maigres épaules.

Autre point négatif : l'humour. Pourquoi Hollywood est-il de plus en plus friand de gags débiles, de situations vues et revues ? La blague du mec qui marche et qui tombe (ici avec des gobelins), ça va 5 minutes. L'humour Tolkien, c'est les facéties de Merry et Pippin, c'est les boutades bien placés de Sam Gamegie, c'est Legolas qui ressent un picotement dans ses doigts au bout de sa 32ème bière. C'est pas un bossu travesti qui cache du fric dans son soutif en remontant sa jupe.

Une petite remarque plus technique : les 48 images par seconde (et ça c'est valable pour toute la trilogie), si elles sont sensées rendre le film "réaliste" et "fluide", donnent plus un effet documentaire, et j'avais parfois l'impression de regarder un mauvais reportage des châteaux de Carcassonne sur Arte. Je pense qu'on oublie que ce qui fait d'un film de cinéma un film de cinéma, c'est les FLOUS (je vous assure, croyez-le ou non). C'est le flou qui fait que l'on s'immisce dans une action fictive, arrêtez avec votre hyperréalisme.

Avec cette surcharge d'effets spéciaux numérique, la nostalgie du maquillage à la main et des figurants de chair nous titille les boyaux. À force de toujours vouloir faire plus, on finit par faire trop, et la magie disparaît vite. Les monstres n'impressionnent plus, les batailles ressemblent à des cinématiques de jeux-vidéo japonais, les poses épiques et les créatures "classes" nous piquent les yeux de grandiloquence, parce-que c'est du numérique, et que mine de rien, au fond de nous, on le voit. Consciemment ou non, on le sait, et ça enlève carrément du charme.

Les scènes réussies (car oui, il y en a) se comptent sur les doigts de la main, et ne sont pas très variées... (la mort de *****, la mort de ****, la mort de **** et la mort de ******, franchement, c'est dommage qu'on ne garde en tête que les scènes de mort).

Je vous vois déjà chez vous en train de bouillonner, l'envie vous prend de me lapider, là, à cet instant ! Je vous entend déjà me répondre que non, c'est une très bonne adaptation, que Peter Jackson est au top de sa forme et que, de toute façon, l'œuvre originale du Hobbit est elle-même un livre pour enfant, aux personnages et au scénario moins élaborés et "adulte" que le SDA. J'espère de tout cœur que vous avez raison. Mais sans en avoir lu une seule page, j'ai le sentiment qu'ils pissent un peu sur le bouquin.

Je m'en vais sur ce retrouver la bonne vieille, et vraie, première trilogie, avec ses paysages réels, ses orcs peints à la main, sa mise en scène grandiose, son drame qui fait sourire parfois, et surtout ses effets spéciaux magistraux qui vieillissent délicieusement.

Voilà. J'ai fini. Oui, j'ai bien gueulé, j'ai dit ce que j'avais à dire. Oui, j'suis contente. Bonne soirée.

Non mais quand même, faut arrêter de se foutre de nous à un moment.
Louisa_Libi
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le 10 déc. 2014

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Louisa Libi

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