En janvier 2014 sortait dans les salles obscures Yves Saint Laurent, de Jalil Lespert. Malgré une promotion plutôt discrète, la performance des deux acteurs principaux est saluée par la critique, tandis que le public entreprend de relever ça et là les quelques défauts mineurs du scénario, comme la fin trop frustrante ou la relation Saint-Laurent-Bergé trop romancée. Et pourtant, la magie opère.
Personnellement, ce premier Biopic fut un réel coup de cœur, autant pour le jeu fabuleux de Pierre Niney que pour la touche kitsch de la mise en scène. N'en déplaise à mon amour des belles choses, huit mois plus tard sort Saint Laurent, flambant neuf, grandiloquent, tout prêt pour les Oscars... Une bande-annonce survoltée et un casting prometteur qui nous annonce 2h30 de pur génie ! Si Bertrand Bonello avait toutes les cartes en main, le potentiel du film est très mal exploité, et l'ennuie s'installe vite. Gaspard Ulliel incarne si parfaitement son rôle qu'il en devient insipide, et la photographie magnifique ne compense ni le montage débridé, brouillon, ni le rythme soporifique qui finit par nous insupporter. Le trop-plein de tourments, d'alcool et de sexe, à défaut de provoquer, lasse et répugne sans même mériter que l'on s'y attarde. L'ambiance est froide, les personnages ne sont pas attachants, c'est fait exprès mais personnellement, je n'ai pas accroché.
Sans doute que cette seconde version est plus fidèle à la véritable histoire du couturier, mais pour moi, seul le premier restera dans les mémoires. À défaut d'être magistral, il avait au moins le mérite de vendre du rêve tout en restant un classique.
Saint-Laurent, un film fade et malsain qui aurait pu au moins se vanter d'être complémentaire au premier, mais qui malheureusement ne lui arrive pas à la cheville.