Ça y est.
Le dernier épisode de la prélogie nous emporte une dernière fois dans la neige d'Erebor, dans les pierre et l'or des rois sous la montagne. Il nous berce une dernière fois de l'accent rugueux des nains, des chants envolées des elfes, de l'écho des voix et leur écho dans les neiges. Il nous fait dire au revoir, après dix ans, à un monde de plaines vertes de la Comté et de colonnes sombres de la Moria.
Ça y est.
Il lui a fallu cinq épisodes. Cinq épisodes d'histoires, d'expérimentations, de générations de spectateurs qui ont grandi un peu à chaque fois. Et bout de cinq épisodes, Peter Jackson a enfin compris ce qu'il voulait faire.
Oui, Le Seigneur des Anneaux c'est 1300 pages et trois films. Oui, Le Hobbit c'est trois films et 300 pages. Oui, Tauriel est inventée. C'est cela qui fait que ce dernier film, plus que tous les autres, existe à part entière. L'évènement qui commence le film aurait pu se produire à la fin du précédent, mais il aurait l'aurait privé le deuxième film d'un effet de suspens qui maintenait tous les spectateurs dans le doute, et il aurait privé le troisième film d'une introduction propre. À partir du moment où un roman de 300 pages est découpé en trois films, il n'y a pas d'effet plus spectaculaire et plus efficace pour conquérir le public.
La Bataille des Cinq armées a son début et sa fin. Les deux premiers films, inégaux, flottaient encore entre le public du SDA qui avait grandi et le public d'une nouvelle génération, qui allait moins être bercée par le SDA que par Le Hobbit. La fin du deuxième film a accroché ce nouveau public, et celui-ci le maintient.
Aux vieux, il fait voyager une dernière fois dans cet univers qu'il a mis en vois et en images. Aux jeunes, il maintient l'univers qu'il leur a imposé, et lui ajoute tous les éléments qui peuvent leur parler. L'amour entre Tauriel est Kili est fade. Le sentiment de l'amour est fade. Les dialogues n'ont parfois pas assez d'enjeu et l'histoire même est rapide.
Mais ces éléments sont là parce qu'ils doivent être là, et qu'ils fournissent une matière à des images superbes. La glace, les plans en vol sur les pics, les murs de la forteresse quand ils s'écrasent sur les nains, l'armée élancée des elfes quand elle saute sur les boucliers des nains devant les collines, où descendent les orcs pour la première fois.
C'est swag, c'est beau, c'est épique. C'est totalement gratuit, et ça fonctionne. Ce n'est pas lui qui a créé l'univers de Tolkien, il n'a plus à faire découvrir quoi que ce soit. Il en fait enfin son monde, sa mise en scène, son spectacle, et réussit à ne jamais transparaître dedans. Au bout de cinq films, Peter Jackson a conquis ses publics et les a maintenus.
La Bataille des Cinq Armées est bel et bien l'accomplissement de la Terre du Milieu.
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