Quand avons nous laissé le mal devenir plus fort que nous?

Il y a deux manières de voir ce film. Soit on le compare à la trilogie de l’anneau et on le plombe, soit on le prend comme le deuxième volet d’une saga à part. Si on arrive à oublier son illustre ainé, il est tout a fait agréable. Mais le problème est là. Eviter la comparaison ? Impossible. Même univers, même réalisateur, même équipe, acteurs en commun, musique similaire. La totale. Et quand on compare un film correct à un chef d’œuvre, la sanction est inévitable. Déception. Le Hobbit ne peut pas lutter.


Là où le Seigneur des Anneaux se distinguait par des personnages plus complexes les uns que les autres, la Désolation de Smaug n’offre que peu de rôles marquants. Thranduil est une bonne surprise, froid et perturbé à souhait. Mais pour le reste, aucun nain n’a le charisme de Gimli, Legolas est sa propre caricature et Gandalf reste égal à lui-même mais vieillissant. Martin Freeman est excellent en Bilbo mais curieusement, il est presque relégué au rang de second rôle. Et inutile de dire qu’un personnage du niveau d’Aragorn manque cruellement à l’écran.


Concernant les « serviteurs du mal », Jackson a définitivement abandonné maquillage et prothèses au profit d’effets numériques bien gênants. Les orcs sont lisses, sans âmes et peinent à convaincre. Un comble quand on se souvient des merveilles de terreur qui peuplaient les mines de la Moria ou les terres arides du Mordor.


Les décors se veulent grandioses et les répliques profondes. Raté. L’alchimie n’est pas là. La forme sans le fond. Vous avez dis ersatz ? Le summum du ridicule survient lors de la scène des tonneaux, représentation fidèle de ce que doit être le Parc Astérix un mercredi après midi de Juillet. C’en est limite gênant. Soyons clairs. Voir Legolas surfer sur un bouclier uruk-hai pendant quelques secondes dans le gouffre de Helm, c’est jouissif. Le voir faire la même chose pendant huit minutes au bord d’un torrent après une séance de saute mouton sur la tête de nains trempés, c’est vite lourd. En parlant de choses qui fâchent, s’il s’avère que Tauriel et Kili finissent ensemble, il faudra envoyer un escadron de la mort chez Peter. Juste histoire de lui rappeler que les initiatives c’est bien mais dans une certaine mesure.


Reste que ce film est tout sauf mauvais. C’est soigné, cohérent et bien réalisé. Et si le tout s’essouffle à l’approche de la dernière heure, Jackson sort un atout de taille. Smaug.


Oubliez l’ombre noire, frustrante et destructrice du précédant opus, la bête entre en pleine lumière. Accrochez vos mâchoires. Le monstre porte à lui seul le dernier tiers du film et l’empêche de sombrer. Difficile de décrire la prouesse technique avec de simples mots. Aucun dragon n’aurait pu incarner de manière plus majestueuse la puissance d’un ouragan associée à l’agilité venimeuse d’un grand serpent. Une puissance sauvage et brute. Une férocité vibrante dans la gorge. Une malveillance hautaine et maligne dans l’œil. Un gigantisme pétrifiant que la démesure de son antre ne fait que renforcer. Ne cherchez plus qui est le Roi sous la Montagne. Regardez le s’envoler dans la nuit et tremblez, pauvres mortels.


« Je suis le feu. Je suis la mort. » On a hâte de voir ça.

Caïn
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le 19 déc. 2013

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Caïn

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