Jackson Five
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Malheureusement la progression par rapport au premier film n’est pas telle qu’on se rapproche perceptiblement des sommets cinématographiques du Lord of the Rings. On s’écarte pour de bon des terrains de chasse de la trilogie classique, mais les problèmes demeurent : pour résumer, il y a beaucoup de personnages, canoniques et originaux, pour lesquels le film nous demande de frémir et vibrer, alors même que l’histoire ne nous a jamais vraiment laissé le temps de les connaître, et continue de les déréaliser toujours un peu plus en les poussant à l’encontre de la physique, de la cohérence et du bon sens. C’est le cas de ces onze nains qui cent fois frôlent la mort mais dont on ne connaît pas le nom, de la charmante Tauriel qui se trouve spontanément bombardée au sommet d’un triangle amoureux incongru, du sourcilleux Bard qui remplit tous les critères du héros excepté le charisme ; Thorin présente des éléments de psychologie intéressants, qui pourraient s’agencer en un portrait troublant s’ils n’étaient si dispersés et avaient été préparés en amont par un effort pour nous rendre le personnage sympathique ; quant à Legolas, il pourrait aussi bien avoir tatoué sur son front « pour les fans », vu que son rôle est à peu près aussi intéressant et sincère qu'un placement de produit. Et comme la vie est vraiment injuste, tout le temps accordé à ces personnages secondaires est du temps en moins que l’on passe en compagnie des deux seuls auxquels on est vraiment attaché, Bilbo et Gandalf.
Quelques passages qui m'ont semblé dignes d’être retenus : l’équipée dans la forêt de Mirkwood, montée en tension étouffante (avec un intermède céleste lorsque Bilbo émerge de la frondaison, qui prouve que Peter Jackson n’a pas délégué toute son imagination au département des effets spéciaux), puis replongée dans une mêlée cauchemardesque de filaments et d’appendices. La virée en tonneau sur la rivière, abracadabrante mais excitante. L’intrusion de Gandalf en Dol Goldur, sinistre et redoutable. L’apparition de Smaug, magnifique créature rugissant le feu et grondant la diction impitoyable de Benedict Cumberbatch, puis sa confrontation entre jeu et danger avec Bilbo effaré. Et le tout enrobé par la musique massive et inspirée de Howard Shore, qui dans le panorama actuel fait plus que jamais figure d’exception artistique précieuse, comme si elle avait été composée à une autre époque, sur une autre terre.
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le 15 févr. 2021
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