N'attendez pas de moi un comparatif point par point avec analyse du respect de la mythologie plus chronologie du roman. N'attendez aucune éthologie, théologie, cosmogonie, hégémonie, hagiographie, cartographie, ethnologie, ni démonstration pornographique de savoir de fanboy/true/connaisseur/expert/geek/rôliste/littéraire bedonnant et/ou roux, même si barbu.
J'ai pas encore lu les romans, merci.
Mon approche du Hobbit est donc la même que celle concernant jadis la trilogie du seigneur des anneaux: vendez moi du rêve, de la magie, du mythe (s'inspirant si possible des légendes païennes du vieux continent), de l'aventure, de l'épique.
Point barre. La déception viendra à point lorsque je lirai les pavés de Tolkien. Et ce sera aussi de sa faute. C'est pas toujours l'adaptation qui est fautive, soyons honnêtes.
Alors oui je me suis changé les idées, je me suis diverti, et c'est déjà pas si mal en ces jours gris de faites des achats de fin d'année. Moi je veux de la forêt profonde et magique, du feu de bois, de la bougie, de la charcutaille, du troll, de l'elfe, des bestioles magiques, de la lumière lunaire, du conte, de la légende.
Il y a de bons moments dans le Hobbit. Il y a un peu de ce que je cherchais; l'épique du seigneur des anneaux en moins, malgré ce que l'introduction laissait à penser, malgré ce que l'histoire de Thorin laissait à espérer. Mais vu qu’à la base c’était pas censé être le propos, c’est bien fait pour moi.
Il faudra juste s'habituer aux 48 images seconde, procédé employé pour son effet immersif ayant pour but de coller au plus près de la perception qu'a l'œil du mouvement réel et qui a paradoxalement pour résultat de souligner l'artificialité des images présentées. C’est super, du coup on nous enlève l’artificiel qui confère la magie de l’irréel au cinéma pour lui donner un aspect réel révélateur d’artifice. Hyper pertinent. Bonne idée Jackson, tiens, ouvre la fenêtre et jette toi. Merci.
Donc en fait on ne s’y habitue pas c’est une purge cette histoire de 48 images seconde, vous l’aurez compris.
Bon, question formel —le procédé suscité mis à part— c’est tout de même plus propre et donne moins l’impression d’avoir été monté à la feuille de boucher que sur la première trilogie, bien que du point de vue du rythme ça manque de découpes heureuses. Les paysages néo-zélandais sont toujours aussi photogéniques, certains décors font mouche (Erebor, la maison de Bilbo, Fondcombe…).
Paradoxalement, la TROIDÉ, que je conchie toujours aussi royalement je vous rassure, s’en sort pas si mal puisque en bénéficiant du HFR elle gagne en définition et devient plus « lisible ». Du coup au lieu de l’habituelle migraine, je n’ai eu que mal aux yeux. Un progrès.
À part ça on se demande pourquoi certains nains ne parlent pas comme des nains. Et pourquoi certains nains ne ressemblent pas à des nains mais à des acteurs de DTV fans de cosplay. On se demande aussi pourquoi certains orques sont en plastiques et d’autres en Unreal Engine (coucou Azog). On se demande aussi si Thorin est un nain ou un ersatz de poche de Aragorn. On se demande aussi si Jackson sait sur quel pied danser et combien de fois il va nous faire le coup du cri de Wilhelm. On se demande aussi comment on peut placer autant de deus ex machina à la minute tellement tout semble avoir été écrit par des gagnants du loto.
Et au fait, les elfes passent tout de même pour de sacrés trous du cul au début, et ça m’agace un peu ce manque de nuance.
Par contre, marrant le passage avec Gollum ; réussite technique incontestable. Après je ne saurais trop le comparer avec la version du roman. Néanmoins je n’ai absolument pas ressenti la moindre pitié qui aurait pu retenir Bilbo de lui planter sa la lame bien comme il faut, à ce sale fourbe psychotique. Au contraire, il me semble que le laisser vivre représente plus un acte de cruauté certaine qu’autre chose.
Bref, un bon divertissement tout de même, sûrement blasphématoire aux yeux des dévots, mais c’est évidemment pas en faisant d’un conte pour un enfant une introduction à peine voilé de la trilogie de l’anneau qu’on pourra forcément tous les gouverner.