Plus de dix ans après avoir vu à l'écran naitre sous nos yeux ébahis une communauté de héros hétéroclites rassemblée pour trimbaler un anneau jusqu'à la Montagne du Destin, voilà qu'une histoire étrangement similaire se dévoile, où une compagnie de nains embarque un hobbit jusqu'au Mont Solitaire...

Quoique globalement fidèle au livre, le scénario de "The Hobbit" est indéniablement articulé pour tracer un parallèle avec le premier film de la trilogie du seigneur des anneaux. Tout y concourt, du rythme à la mise en scène, jusqu'à cette volonté d'imprimer une gravité presque pesante tout du long, quoique l'ouvrage d'origine soit plus léger. On retrouve du coup les mêmes tares que "The Fellowship of the ring". Une sensation de regarder un film servant avant tout de tremplin pour des sommets réservés à ses suites, un tempo délayé, un road movie un peu vain enchainant les péripéties, ici moins bien liées entre elles et ayant trop souvent recours aux deus ex machina. La différence majeure avec "The Fellowship of the ring" est l'absence d'un Sauron en ligne en mire. Alors oui, Peter Jackson, Fran Walsh et consorts disséminent ça et là des clins d’œils et imprécations ouvrant sur la glorieuse trilogie, mais ça reste un peu fallacieux.

Visuellement, "The Hobbit" est un régal. Les paysages grandioses de la Nouvelle Zélande défilent, nous font exploser les rétines de plaisir. Ce bougre de Jackson avait gardé bien des panoramas en réserve, on ne va pas s'en plaindre. Léger agacement sur la bascule abrupte vraie / fausse 3D, rien de répréhensible cependant. Et niveau réalisation pure, ça virevolte plus qu'à l'accoutumée (tendance "King Kong"), avec un abus de ralentis qui fait parfois tiquer, qui brise la solennité du film.

Ce qui m'a finalement le plus dérangé, c'est la partition d'Howard Shore, qui a pillé sans vergogne ses compositions précédentes pour les adosser à de nouvelles images. Et attention, pas de légers emprunts mélodiques sur des passages insignifiants, non, non, je parle bien de mouvements entiers tous juste réorchestrés liés à des scènes clefs, appliqués à des moments non moins importants dans "The Hobbit". C'est d'autant plus dommage que les thèmes originaux composés font plaisir à entendre, notamment "Far Over the Misty Mountains Cold" collant aux basques de cette compagnie de nains qui n'a à rougir d'aucune comparaison.

Ne vous méprenez cependant pas en me lisant, "The Hobbit" est un excellent divertissement cinématographique, avec des scènes qui font frisonner de plaisir, [SPOILERS] de la confrontation Gollum / Bilbo à l'arrivée des aigles, juste fantastique à vivre. Engoncé dans son siège, on aurait envie de se lever, d'applaudir et de pousser des cris d'encouragements. [FIN DES SPOILER]

"The Hobbit" est avant tout une parfaite rampe de lancement pour une suite qui s'annonce grandiose, je trépigne déjà et attendre un an me désespère un peu. Une fois que je l'aurai vu, je reviendrai sur "The Hobbit", comme j'ai pu le faire avec "The Fellowship of the ring", je lui trouverai certainement une nouvelle texture, plus savoureuse.
Hypérion
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le 14 déc. 2012

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Hypérion

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