My dear Frodo...
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Le hobbit : un voyage trop attendu. Après bien des atermoiements, (réalisera ? réalisera pas ? Deux, trois films ? Quel budget, quel délai ?) toutes les conditions étaient réunies pour le plantage : on ne reprend pas les rennes d’une monument comme Le Seigneur des Anneaux aussi facilement.
Il est évident que cette nouvelle franchise brille d’un éclat bien moins vif, et singulièrement terni par l’opportunisme : tout ce qui pouvait être un peu discutable dans la trilogie précédente se trouve ici accru : les longueurs, l’humour un peu bas de gamme, et la dérive vers une ambiance de parc d’attractions presque grotesque.
La version longue ne fait malheureusement que confirmer ces tares : Peter Jackson souffre d’un syndrome assez compréhensible, qui consiste à fusionner quantité et qualité : le travail est tellement immense pour la création de son univers, des costumes aux décors, des différentes créatures aux paysages, qu’il veut absolument tout montrer. On sent bien que c’est surtout l’idée du partage qui le motive, jusqu’au déraisonnable. En résulte des discussions interminables, un humour assez balourd, deux lourdeurs particulièrement concentrées dans la scène avec les trolls, et dans une extension absolument abominable au royaume des Gobelins, se transformant en sorte de comédie musicale hard rock au-delà du soutenable.
Ces scories étant relevées, on doit quand même reconnaitre qu’un certain nombre de bases restent stables. Les retrouvailles avec la Comté sont touchantes en préambule de ce que sera la grande aventure à venir, la posture un peu british de Martin Freeman n’est pas dénuée de charme, et si les déluges de CGI sont bien au rendez-vous, elle reste de qualité au regard de ce dont nous abreuve la majorité des blockbusters.
Il faut accepter dans cette nouvelle trilogie un élément fondamental : puisque Jackson rallonge la sauce et brode autour d’un récit bien moins dense, il mise avant tout sur l’aspect visuel. Ses personnages sont moins complexes, les enjeux plus linéaires, et la dimension épique presque inexistante. Celle-ci va donc se retrouver dans des séquences hypertrophiées qui, prises avec du recul, peuvent paraître totalement ridicules, mais n’en restent pas moins des morceaux de bravoure, à l’image des cascades dans James Bond : le scénario ne conduit finalement qu’à ces apogées.
La course sur les passerelles dans le monde souterrain des Gobelins en est un très bon exemple : le fun prime, et l’inventivité en termes de mouvements de caméra, de cascades et de prolongement ne vise qu’un plaisir éphémère sans aucune incidence sur la trame générale.
Le constat peut sembler un peu triste. Le cinéma de Peter Jackson est un peu comme un ami d’enfance, qui se fane avec le temps : la fraîcheur d’antan est bien révolue. Mais le plaisir des retrouvailles peut subsister si l’on prend avec bienveillance ce qu’il a modestement à nous donner aujourd’hui.
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le 13 févr. 2018
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