Le problème de Peter Jackson se posait là: ayant choisi de découper le récit en trois films, il lui a fallu composer avec un début "mou". En effet, la première partie du voyage de Bilbo n'est pas la plus riche en divertissement déjà dans le livre.
Ce n'était pas la seule difficulté: il y avait les personnages, aussi. Un Hobbit, un magicien, treize nains peu détaillés mis à part Thorin et enfin le dragon, qu'on ne pourrait pas rencontrer durant le premier volet.
Ces premiers problèmes sont à l'origine des erreurs qui sont venues plomber le film; les cascades à outrance et les clichés. Si dans le Seigneur des Anneaux, Peter Jackson nous avait montré un communauté sympathique et remplie de caractères uniques, parfois dépeints avec subtilité (Aragorn et Boromir surtout), les nains de sa compagnie étaient inintéressants et assez peu sympathiques. Toute ambiguïté est levée les concernant lorsque l'on découvre qu'ils ont les personnalités les plus cliché qu'on peut retrouver dans un groupe: le chef "badass" et laconique avec un lourd passé, le beau gosse, le type sympa qui fait des blagues, le gros bourrin, et pour finir trois nains qui serviront uniquement de comic relief: un geek, un obèse et un sourd. Heureusement, Martin Freeman nous fait aimer Bilbon, et Ian Mckellen reste toujours aussi excellent dans son rôle de Gandalf.
Puis vient le second problème: comme Smaug le dragon ne peut apparaître dans le film, il faut une Némésis à notre compagnie, quitte à introduire un orque pâle qui ne fait pas vraiment peur. Pas du tout même. Visuellement c'est infâme, il a l'air tellement faux qu'on ne peut pas le considérer comme un personnage à part entière. Peter Jackson sur ce coup a fait confiance aux images de synthèse et a renoncé aux prothèses et maquillages qui pourtant avaient si bien fonctionné dans la trilogie précédente. Pour un rendu qui ne convainc pas.
Venons en à l'action. On se retrouve donc avec une compagnie de quinze personnes, et d'après le bouquin aucun d'entre eux n'est sensé mourir durant tout ce segment de l'histoire. Pourtant, par peur qu'on s'ennuie, on nous impose un surenchère de cascades, de chutes vertigineuses, de combat désespérés. Et c'est là que vient le véritable ennui: on finit par ne plus avoir peur pour nos héros, ceux ci s'en sortent toujours de manière improbable. Toute la tension retombe et on finit par ne plus attendre qu'une chose: qu'ils terminent enfin ce voyage !
Pour ce qui est des effets spéciaux je suis de ceux qui pensent que Peter Jackson en a abusé. Au niveau des couleurs, le paysage Néo-zélandais est tellement retouché qu'on se demande pourquoi ils se sont donnés la peine d'aller filmer pour de vrai dans la nature. Mais bien sûr, il faut rendre l'herbe de la comté encore plus verte que la peau d'un orque pour bien nous faire comprendre que c'est un pays verdoyant. Le subtil équilibre qui avait été instauré entre images de synthèse et images réelles dans le Seigneur des Anneaux est rompu.
Ce film a donc ses défauts mais le travail apporté est non négligeable. Les costumes restent beaux, et les scènes de combat, à défaut d'être réalistes sont inventives. Andy Serkis interprète Gollum avec autant de malice qu'au premier jour et la scène des énigmes dans le noir est magique; Gollum nous inquiète autant qu'il nous fait rire. Un avis bien mitigé donc pour ce premier volet où Peter Jackson réussit tant bien que mal à relancer le récit, même si adapter ce film ne semblait pas gagné d'avance.