1938 : L'État italien fasciste, devient peu à peu antisémite et les mesures anti-juives se multiplient. Dans l'immense jardin des Finzi-Contini, grande famille aristocrate, on ne se soucie guère de cette menace et plusieurs parties de tennis y sont organisées. Et c'est dans ce milieu-là que l'on suit Giorgio, venant d'une famille plus modeste et qui est amoureux de Micol, la fille des Finzi-Contini mais qui elle, mène une vie personnelle et sentimentale compliquée...


C'est au cœur de cette aristocratie vivant dans le luxe et l'insouciance, et ne se rendant pas compte de la menace qui l'entoure et tout simplement de la situation politique mondiale, que Vittorio De Sica nous immerge. Pourtant, plus les années passent, plus l'antisémitisme est présent et devient même impossible à ignorer. C'est toute cette atmosphère d'angoisse sourde que De Sica retranscrit, mais c'est aussi la façon dont le fascisme s'est imprégnée au cœur des familles et des mœurs qu'il montre et finalement une horreur qui devient banalité.


C'est dans ce contexte-là que De Sica met peu à peu en place d'intéressants personnages et des relations souvent ambiguës qu'ils vont entretenir. Entre adolescence et amour impossible, il dresse une chronique délicate, cruelle et juste et donne un ton plutôt mélancolique à son oeuvre. Entre autres, il aborde aussi la famille, la religion et l'amitié entre les divers personnages, il les met en scène au quotidien entre partie de tennis et moment plus intimes, ignorant ce qu'il se passe et se croyant protégé dans ce jardin qui va devenir leur tombeau.


Sobrement réalisé, il braque souvent sa caméra au plus près des protagonistes, permettant de mieux nous immerger à leurs côtés et captant à merveille leurs sentiments. Ce qui frappe aussi d'emblée, c'est la qualité visuelle du film où il sublime ce magnifique et lumineux jardin, ainsi que les intérieurs, tout aussi admirable et luxueux. Devant la caméra, il dirige les jeunes acteurs avec brio, où chacun se fond dans son personnage pour mieux en faire ressortir la richesse, les symboles ou les sentiments, notamment l'inoubliable Dominique Sanda.


Tout en captant le contexte de l'époque, Vittorio De Sica livre un film juste et touchant et dresse une chronique tendre, cruelle et mélancolique de cette jeunesse insouciante au cœur d'une Italie fasciste.

Docteur_Jivago
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le 4 juin 2015

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Docteur_Jivago

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