Ça aurait été rigolo qu'au lieu d'avoir des secousses électriques, ce soit Bruce Lee qui foute une beigne au candidat après que le questionneur ait appuyé sur le bouton. Et plus le répondeur se tromperait, plus Bruce Lee devrait taper fort. Je pense que le concept serait bien plus alléchant ! Dommage que Bruce soit décédé !


Cette expérience est vraiment passionnante. Je ne pense pas qu'on arrivera un jour à inverser les tendances, malheureusement, c'est donc un peu redondant de la faire aujourd'hui, même si le changement de contexte amène un petit plus. Ce docu m'a touché, tout comme je suis touché chaque fois que je lis ou que j'entends parler de cette expérience. La première fois, c'est un cousin qui m'en a appris l'existence ; ce qui m'a marqué, c'est qu'il ait dit que son frère est la seule personne qu'il connaisse qu'il estime capable de dire non au cours de cette expérience. Sans honte il a dit que lui il irait jusqu'au bout, certainement, mais pas son frangin. C'est une famille que je n'ai pas l'occasion de côtoyer très souvent, d'ailleurs je ne les ai plus revus depuis des années (et le cousin auquel je m'adressais est décédé entre temps, donc j'ai encore moins de chance de le revoir). Je me suis alors demandé ce qu'il en serait de moi.


Puis j'ai vu des adaptations, des docu, j'en ai entendu parler plus précisément lors d'une classe, ... et aujourd'hui, suite à ce documentaire, j'en viens à la conclusion que je ne serais pas capable de dire non. Je m'en suis rendu compte parce que justement les auteurs de ce documentaire explique bien que nous sommes conditionnés pour dire oui à tout. Nos patrons, nos amis, ... je me souviens lorsque je suis parti une année aux USA, le boss du Rotary de cette région avait dit : quand on vous demande quelque chose, dites oui à tout, ne refusez rien. Le contexte était différent, c'était pour nous pousser à sortir. Mais ça reste un 'oui'. Il y a peu encore, une collègue se plaignait de son directeur qui lui imposait des tâches à la dernière minute et en plus pendant les vacances, n'étant pas impliqué, je lui ai dit de simplement dire, naïvement, 'non', mais avec pertinence, elle m'a expliqué qu'il était difficile de dire 'non' comme ça à son directeur.


Et c'est bien vrai. Moi-même, le nombre de fois où je n'ai pu refuser de faire des choses désagréables pour un ami, de la famille, ma compagne, ... il y a une telle pression... il faut toujours dire oui dans notre société, et lorsqu'on dit non, on se retrouve comme catalogué ou en tous cas on en a ce sentiment. Dire non n'est pas facile. Pour cela, donc, je ne pense pas que je pourrais dire non, que ce soit dans un contexte scientifique ou sur un plateau de jeu télé ; ce serait même certainement plus difficile sur le plateau, vu le nombre de gens présents pour 'valider' cet acte : les techniciens, le public, la présentatrices, les autres membres de l'équipe en coulisse, dont peut-être un boss de la chaîne, le matériel qui témoigne bien qu'il y a un investissement important... la pression est bien plus forte. Que ce soit cheap ou que le comédien joue mal son rôle, je pense qu'on gobe tout ça.


Et comme précisé dans le documentaire, cette expérience, nous sommes conditionnés en permanence pour dire oui, nous la subissons donc au quotidien. Le patron qui nous pousse à travailler plus, les collègues qui font monter la pression... ce qui est assez étrange, c'est de voir d'ailleurs le changement d'attitude que cela peut provoquer chez une personne. Par exemple, j'ai connu ma compagne avant qu'elle ne trouve un boulot ; son comportement n'a pas fondamentalement changé, mais je sens qu'elle est différente, elle-même participe à cette pression mise aux p'tits nouveaux, alors que ça la répugnait lorsqu'elle était à leur place il y a quelques années. Et ce doit être pareil pour moi, même si je m'en rends moins facilement compte. Parfois, je remarque que j'ai des propos déplacés envers certains élèves au cours d'un conseil de classe.


Et puis je me demande : le fameux surmenage, le nervous breakdown subi au boulot parce qu'on en a trop fait, ça ne serait pas, au fond, l'aboutissement d'un conflit, celui qui oppose le 'oui' au 'non' ? Le travailleur lâche prise lorsqu'il dit 'non' alors qu'il doit dire 'oui'. Parce que dire 'non', ce n'est pas juste refuser quelque chose. S'en suit alors un débat moral, on se demande si on a le droit, si on a la légitimité de dire non. Les collègues comptent sur moi, mon patron m'a engagé donc je ne peux pas lui dire non, ... Et là on a besoin de repos afin de se reconstruire mentalement. Afin de réapprendre à dire 'oui' ?


En tous cas j'ai apprécié le documentaire. Au début, j'ai trouvé que le jeu se déroulait trop vite, après 30 minutes, c'est fini, reste donc une heure... oui mais que va-t-on nous raconter pendant une heure ? Et bien ça passe, les auteurs analysent l'expérience un peu plus en profondeur et s'intéressent davantage aux candidats. C'est un peu chaotique comme structure, de quoi laisser quelques frustrations car on voudrait aller dans telle direction de suite, pas 30 minutes plus tard, mais ce qui est dit est plutôt intéressant et pertinent.


C'est globalement bien rythmé : on a son lot de scènes fortes et entre deux des explications, voire des rebondissements. Pour ça c'est un film bien calibré, de quoi toujours capter l'attention du spectateur. La fin est peut-être un peu moins bien amenée : c'est-à-dire qu'on a l'impressoin d'vaoir plusieurs conclusions qui se suivent, et à chaque fin de conclusion, il y a comme une retombée... c'est comme si le film s'essoufflait sur la fin. La mise en scène fonctionne assez bien : le montage est dynamique, on a les plans qu'il faut lorsqu'un personnage s'exprime. Parfois on peut se demander si ce n'est pas un peu trop joué, si ce ne sont pas tous des comédiens : c'est possible mais personnellement j'ai préféré jouer le jeu, accepter ce qu'on me dit afin que le divertissement se passe au mieux.


De plus, le côté cheap de l'émission est plutôt intéressant : pour moi ça reste crédible, car ça fait partie d'un contexte. Et puis il existe vraiment des émissions aux décors ultra cheap qui passent en fin de soirée, donc ce détail ne m'a pas gêné au contraire. Cela démontre bien qu'il n'en faut pas 'beaucoup' pour créer un contexte convaincant. J'ai mis entre guillemets parce qu'il reste un public, une présentatrice, des techniciens, du matériel, ... de quoi convaincre n'importe qui que c'est vrai.


Le documentaire m'a paru complet, ne prenant pas trop de risques dans les conclusions. Je suis tout de même déçu du manque d'approfondissement du public qui n'est ici traité que comme un accessoire. Les auteurs sont conscients du pouvoir du public, ils en jouent un peu d'ailleurs, mais ça n'est pas assez développé. Car il faut bien se dire que les spectateurs ont un rôle 'actif', peut-être pas de part égale à celle du questionneur, mais leur présence et leur participation surtout reste très importante quant au bon déroulement de l'émission. Dommage donc de n'avoir pas été questionner quelques spectateurs, de plus autant je pense que les questionneurs ont été suivi par la suite, autant je doute que ça soit le cas des spectateurs.


Ce qui m'a fait frissonner aussi, c'est le côté habitude. Le premier bouton à actionner semble un peu difficile. Puis, ça passe mieux. Il y a plein de facteurs qui justifient ce changement de comportement, mais il y en a un autre qui n'a pas trop été abordé et que je pense pertinent : ce créer une sorte de routine en suivant le protocole à la lettre. On lit la question, on attend la réponse, on pousse sur le bouton. Et puis arrivent les premières remises en question, ça aussi c'est fort. On sent que les personnages luttent. Au fond, ce sont les conflits que l'on attend dans un film ; docu ou fiction, ce procédé reste nécessaire pour que le spectateur s'identifie, pour qu'il prenne pas lui aussi à la quête. C'est donc une très bonne chose de consacrer ce passage aux courageux, aux héros, sur la fin : en mettant cette séquence trop tôt, je pense que bon nombre de gens auraient décrochés car ç'aurait été trop pessimiste.


Bref, c'était très intéressant.

Fatpooper
8
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le 22 avr. 2017

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Fatpooper

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