LE JEUNE AHMED (15,5) (Luc et Jean-Pierre Dardenne, BEL, 2019, 84min) :
Ce percutant et sobre portrait dépeint le destin d'un adolescent brillant à l'école en rupture avec le cocon familial qui se cherche et s'abreuve de manière radicale dans sa religion musulmane, pour trouver un rôle prépondérant dans son existence. Les frères Dardenne opte judicieusement pour la caméra à l'épaule afin de radiographier au plus près le jeune Ahmed fanatisé par son imam, déterminé à vivre totalement sa dévotion à Allah, et à combattre pour ce qu'il pense être "une noble cause" pour éradiquer "l'impur". Les réalisateurs auscultent chaque événement de manière épurée sans jamais juger ni mettre de la psychologisation dans le personnage endoctriné d'Ahmed. La mise en scène opte régulièrement pour de pertinents plans-séquences pour suivre à hauteur le jeune garçon et la réalisation mue à son contact et enveloppe les évolutions de l'esprit et du corps d'Ahmed troublé par Louise jeune fille de son âge qui habite dans la ferme où le jeune radicalisé vient faire des activités inscrites dans sa "rééducation", au sein d'un centre de rétention spécialisé. Un drame humain structuré par un récit intelligent à la tension constante se questionne sur les thèmes de l'intégration et l'intégrisme sans être donneur de leçon, et la narration utilise la tension du thriller pour décliner une intrigue resserrée oppressante au suspense enlevé jusqu'à la fin...Un long métrage politique qui s'appuie sur l'incarnation captivante de l'épatant Idir Ben Addi, gamin potelé effrayant, immature et gauche. Venez accompagner avec bienveillance le parcours mortifère dérangeant de cet enfant au cœur du réaliste Le jeune Ahmed. Brut. Glaçant. Humaniste. Un choc bouleversant.