On connaît la difficulté pour l'humain de changer ses croyances. Les histoires qui nous façonnent depuis notre petite enfance, font partie de notre identité. Les perdre en cours de route peut désarçonner et aboutir à un vide existentiel.
Les frères Dardenne portraitisent un pré-adolescent de 13 ans. En plan serré, la caméra ne le lâche pas durant 1h30. Elle le suit dans sa vie quotidienne entre sa mère, son école et son imam fondamentaliste qui l'a pris sous son aile. Le personnage est sombre, ombrageux. Il ne s'exprime guère. Il est uniquement obsédé par les règles strictes enseignées. Il est intéressant de noter que cet endoctrinement, n'est pas nécessairement lié à son environnement, ou une enfance malheureuse malgré l'absence d'un père. Ahmed est aimé et entouré. C'est bien sa personnalité qui fait la différence.
On ne perce pas vraiment la carapace d'Ahmed, pourtant de prime abord plus touchant que Kacey Mottet Klein dans le film de Téchiné étant donné son jeune âge. Ahmed restera fermé et buté jusqu'au bout. Il vit dans une bulle et personne ne peut l'en faire sortir, malgré une lueur d'espoir au dénouement. Le spectateur ne s'identifie guère au personnage et est lui aussi interrogatif de son obsession en acier trempé.
La fin abrupte, au propre comme au figuré, peut déconcerter. Pourtant à y réfléchir, c'était la seule issue possible pour arrêter le bulldozer pubère. L'issue la moins dommageable pour tous malheureusement.
Les deux frères belges ont fait tout juste encore une fois.