Prêchi-prêcha.

Kim Chapiron déçoit fortement avec son nouveau film, surtout quand on sait qu’il a été écrit en collaboration avec Lady Ladj, réalisateur de l’excellent, flamboyant et revendicatif film sur les banlieues « Les Misérables ». Pourtant, il nous parle ici sujets et de thèmes qui s’annonçaient alléchants et qu’il était censé maîtriser sur le bout des doigts: la religion et son enseignement dans les banlieues ainsi qu’un fait divers narrant une arnaque au pèlerinage à La Mecque. Mais le scénario des deux comparses part dans toutes les directions pour finalement n’en prendre aucune et nous désintéresser totalement. Pire, « Le jeune imam » se termine avec la désagréable impression d’un projet inachevé et boiteux.

Le long-métrage est divisé en trois parties de manière, on le suppose, inconsciente et bien trop distinctes alors qu’elles auraient dû se fondre l’une dans l’autre pour un résultat fluide. D’un côté on nous parle du retour au bled d’un jeune garçon. Ingérable et accusé de vol, sa mère l’envoie au Mali pour qu’il s’achète une conduite. Cela aurait pu faire le sujet d’un film à part mais, ici, ça va prendre le tiers du long-métrage alors que quelques scènes auraient suffi ou, encore mieux, des flashbacks. Ensuite, on nous parle de son retour en France où on va l’introniser plus vite que de raison nouvel imam de la cité. Les raccourcis paraissent un peu brusques et ce tout nouvel et jeune imam va devenir en un rien de temps la nouvelle coqueluche des prêches. C’est complètement maladroit et quelque peu improbable ou alors mal représenté. C’était l’un des thèmes centraux du film et il est expédié à vitesse grand V. Enfin, l’histoire des arnaques aux voyages à La Mecque est installée brusquement et se termine à peine après avoir débuté, recalé sur une demi-heure à la fin du long-métrage. Donc, en effet, « Le jeune imam » navigue à vue et souffre d’une ossature et d’une narration chaotique.

Mais si ce n’était que cela. Les personnages sont mal écrits et hormis le personnage principal (et encore...) et sa mère, tous les seconds rôles ne sont que silhouettes destinées à faire avancer les événements. « Le jeune imam » a l’outrecuidance de s’offrir une sous-intrigue totalement inutile avec l’histoire de ce mariage turco-suédois qui n’a aucune raison d’être dans le scénario. Hormis quelques séquences finales un chouïa plus captivantes mais qui se déroulent bien trop tard, Chaprion nous laisse de marbre et passe à côté de son film et de grands sujets passionnants. On est loin de l’excellence du tétanisant « Dog Pound » ou de la finesse d’écriture de « La crème de la crème ». On dirait que le jeune cinéaste est revenu à l’amateurisme de l’horripilant « Sheitan » qui avait tout de même ses fans...

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