On peut reprocher des choses au film : la réal n'est pas très inventive; on apprend pas grand chose sur la pensée de Marx ou d'Engels; le ton est très didactique, parfois on se croirait un peu dans un zoo des penseurs du XIX : Proudhon, Bakounine, Weitling, ils font tous leur apparition devant la caméra.
Mais il n'empêche que le film est très intéressant, dans sa manière de dépeindre son héros, non pas comme le personnage mythifié qu'il est devenu, mais comme un jeune chien fou, exalté, mais intéressé avant tout par la confrontation, par la castagne intellectuelle. Et puis c'est assez stimulant de voir ce petit milieu intellectuel, où chacun essaie à la fois de soulever le milieu ouvrier tout en bâtissant le monde qui doit succéder au capitalisme tout en triomphant dialectiquement de son rival tout en payant ses créanciers. Ils se conseillent des bouquins; lisent les articles des uns et des autres; passent de l'allemand au français à l'anglais, de Paris à Londres à Bruxelles; s'invectivent; vivent l'un chez l'autre; galèrent pour payer leurs traites; etc.