Go go dancer ?
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le 14 nov. 2024
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Dans la brochure que j'ai lue juste avant d'aller au cinéma, nous était promis un film d'une qualité égalant les meilleurs jidai-genki de l'âge d'or du cinéma japonais. Si Le Joueur de go est un bon film du genre, faudrait quand même que les marketteux se calment un peu (beaucoup). On y suit une tranche de vie d'un joueur de go, ancien samouraï, qui se lie d'amitié avec un commerçant suspect d'Edo autour du jeu de go, avant de se lancer dans une quête de vengeance effrénée - toujours autour du jeu de go, oui oui.
Commençons donc par le principal défaut du film : les clichés japonais. On dirait qu'il a été produit exclusivement pour l'étranger, tellement les stéréotypes se succèdent à un rythme effréné : les plans parfaits du mont Fuji… vu depuis Tokyo (ah), les sacrifices dans tous les sens (qui en deviennent carrément comiques malgré le tragique de la situation, notamment lorsque l'oncle et le neveu se battent pour que leur propre tête soit tranchée, d'accord), les combats de sabre autant chorégraphiés que pas crédibles (avec un méchant surpuissant), les codes d'honneur à tout va… Tout y passe. Le scénario est limpide, avec des gentils et des méchants sans vraie nuance. Sans compter une première partie très lente ("méditative", selon la même brochure, bel euphémisme), à la limite de l'ennui. Donc oui, quand même loin de Kurosawa ou de Mizoguchi.
Voilà pour les points noirs, heureusement il n'y a pas que ça ! Le film cherche à tracer un subtil équilibre entre plusieurs contradictions qui traversent la société japonaise à la période d'Edo. L'évolution majeure est celle du personnage principal, qui d'une morale et d'un honneur sans aucune exception en vient à s'adapter aux aspérités de la société, et finalement à s'en libérer. Evolution reflétée par le jeu même de l'acteur (Masachika Ichimura, que je découvre), dont le visage se fait de plus en plus rude, mais aussi par l'esthétique générale du film, autre point fort : alors que la première partie est lumineuse, presque trop, la seconde est plus sombre, oscillant entre des teintes de noir et de rouge. Aux côtés du ronin, ses connaissances vont faire le chemin inverse, comme si sa bonté se partageait et se distribuait autour de lui : le commerçant suspect cherchera désormais à faire des affaires honnêtement, tandis que la patronne du bordel, polie en surface mais n'hésitant pas à faire torturer les filles qui cherchent à s'enfuir, fait davantage que respecter sa part du marché avec lui. Equilibre aussi traduit dans le rythme du film, parfois contemplatif, parfois palpitant, et dans sa narration, avec de nombreux allers retours entre le passé et le présent. En soi, ces équilibres sont sans doute un bel hommage au jeu de go, véritable fil rouge du film, à la fois stratégique et violent, ludique et sérieux, passe-temps et dangereux. C'est juste dommage que toute cette subtilité ne se soit pas propagée au scénario et aux nombreux clichés…
Unique point casting pour finir : la présence de Jun Kunimura (le commerçant malhonnête), qui a joué dans Tel père tel fils de Kore-eda... et même dans Kill Bill !
Créée
le 10 avr. 2025
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