Bon sang... c'est marrant, ça a beau être terriblement nul, je pense que je le reverrai encore. Juste pour expliquer à mon fils les ficelles et prévisibilités d'un film à gros-budget. Juste pour revoir la statue de la liberté se faire immerger par une vague de plusieurs dizaines (centaines?) de mètres, parce-que ça en jette. Et puis, que voulez-vous... j'aime bien Dennis Quaid, et sa tête sympatoche de "gentil" gars. Mais bon, qu'est-ce que le film tient comme bosses! Que des casseroles.
Début entendus, convenus. Il y a une base scientifique perdue au milieu de la glace, qui relève des données qui dans un premier temps questionnent, puis alarment. Evidemment, il faut montrer que les problèmes de climats ont lieu sur toute la surface du globe... et là c'est vite torché : à croire qu'en dehors de New York, il n'y a qu'un seul pays asiatique qui fait figure d'altérité. Après, c'est la débandade. Des gens qui courent partout, des buildings qui s'effondrent, tout ce qu'on veut voir de spectaculaire est là. Des typhons, des vagues énormes, des grêlons gros comme des boules de pétanques. Du dégât. Ok. Mais avant, pendant et après, des clichés : évidemment, les personnage de Dennis Quaid a un fils très intelligent. Evidemment ce fils a une fille en vue (faut-il préciser qu'elle est très belle? - évidemment...), évidemment, évidemment il y aura un baiser, tant attendu, à la fin. Un blockbuster n'est fait que d'évidences, d'exigences commerciales prévisibles, on le sait bien. Et puis tout doit être beau : la femme du personnage de Dennis Quaid est aussi très intelligente, et en plus d'être belle, elle est médecin, et en plus, quand la tempête éclate au plus près de l'hôpital où elle travaille, elle reste pour veiller un gosse qui a un cancer. Un coeur gros comme ça. De belles promesses tenues par le père envers le fils, alors que jusqu'ici, il ne les tenait pas. Tout le monde se retrouve, il y aura des câlins, des bisous. Il y aura des sacrifices. Putain c'est beau. Larme à l’œil. L'arme sur la tempe. Un groupe de scientifiques sait que la fin est proche... ils seront dignes jusqu'au bout : des petits sourires, des petits soupirs, des belles phrases bourrées d'humilité devant la mort : "j'aurai juste voulu le voir grandir", ou quelque chose de ce genre, dit un homme en parlant du bébé qu'il ne verra plus. Tu parles, en réalité ils chialeraient tous leur mère en hurlant "j'veux pas mourir!" et ils se tireraient une balle pour rester maîtres de leur temps, et éviter d'avoir à supporter la lenteur d'une fin inéluctable.
Le pire est peut-être la scène avec les loups ultra-numériques, qui font la chasse aux gentils garçons venus chercher des médicaments dans un cargo, pour leur copine blessée, la jolie fille... (faut-il préciser qu'elle est belle, vraiment? Même moi je me serai jeté tout nu dehors pour elle). S'en sortiront-ils? Evidemment.
Et puis, il y a de la morale aussi : le vice-président américain, tête de con d'un autre temps, symbolisant le mal absolu, bourré de ses aprioris climato-sceptiques. Après, quand la tempête est passée, lorsqu'il campe au Mexique et en a pris plein la gueule, il a compris. Il aurait mieux fait d'écouter le gentil climatologue qui savait tout de l'issue fatale alors que lui, pauvre libéral merdique, ne savait rien.
Ce qu'on savait déjà, par contre, c'est que Rolland Emmerich est un vrai chef qui manie les codes du blockbuster comme personne. Mais bon, quand l'odeur de l'argent est là et qu'elle est plus forte que tout, ...on craque, évidemment.