Les champignons empoisonnés.
"Le jour d'après" est à la frontière du film-documentaire d'anticipation apocalyptique.
Le banc-titre à la fin du film est très clair sur l'intention de l'oeuvre : éveiller la conscience du public et des leaders politiques sur la VRAIE désolation engendrée par le feu nucléaire. Sur ce point, le contrat est rempli. Une ville rasée à blanc, les corps irradiés qui se desquament de jour en jour, les charniers... toute la panoplie de l'horreur nucléaire y est.
Seulement, hormis ces quelques scènes fortes, l'ensemble a très mal vieilli. D'accord, on apprécie le réalisme contextuel, avec l'escalade politique de la guerre froide dans les médias, les missiles fusant de leurs silos qui annoncent forcément une réplique imminente, le fait qu'il n'y ait ni coupable désigné, ni héros rédempteur, ni deus ex-machina, juste des victimes toujours plus zombifiées par les radiations.
Cependant, la mise en scène est atrocement quelconque, la lumière sans émotions, les dialogues creux, et le tout ne dépasse pas la qualité d'un téléfilm des eighties. Générique compris. La mise en place des personnages, les longueurs scénaristiques et une narration globalement trop poussive finiront par vous arracher quelques bâillements. Même la musique est complètement loupée. A l'arrivée, on a le sentiment paradoxal que même si ce film est une bouse technique, il s'en dégage quand même une âme par le refus de tout artifice...
Reste une oeuvre unique en son genre dans son propos, didactique, qui aide mieux à saisir les vrais enjeux humains qui se mettent en place, "le jour d'après"... loin, bien loin du clinquant imbécile d'un Roland Emerich en papier glacé. Pas indispensable, mais instructif.