René Clément sur le terrain de la Seconde Guerre mondiale pour la énième fois, son sujet de prédilection semble-t-il, mais cette fois-ci pour tisser les fils d'une romance entre une Parisienne résistante sur le tard (Simone Signoret) et un pilote américain dont l'avions s'est écrasé en France (Stuart Whitman). Quelques seconds rôles par-ci par-là, comme notamment Michel Piccoli, la garce Geneviève Page et le hideux Reggie Nalder (parfait dans le rôle d'un agent de la Gestapo particulièrement retors), mais tout le film braque ses projecteurs sur les deux personnages principaux et leur relation naissante. Signoret fait très bien la femme distante qui peu à peu noue une romance et Whitman joue très bien le playboy américain.
La première partie, la plus importante, se tient à Paris, où le pilote en perdition est recueilli par une femme dont le mari a été fait prisonnier en Allemagne. Le cadre sert de carburant à une tension évidente, dans les rues de la capitale, avec la peur au ventre à chaque déplacement à la pharmacie du coin — repaire de résistants. On est également à la fin de la guerre, mars 1944, et on sent bien que les mois sont comptés, avec toutes les conséquences imaginables (prise de risque comme volonté de retrait) sur les gens. Un film sur un concours de circonstances (favorables, donc) qui pousse l'héroïne à mener cette mission à bien un peu malgré elle, d'abord contrainte puis ensuite volontaire. Pas mal de séquences bien foutues, comme par exemple celle du train où les deux sont censés retrouver un autre soldat américain au milieu de soldats allemands ou encore celle dans les locaux de la police française.
D'une manière générale le soin apporté à la reconstitution de l'ambiance de l'époque est appréciable, les plus mauvaises langues diront qu'on retrouve là les talents d'artisan de Clément — pour mieux nier ses talents d'artiste.