Le monde est encore sous le coup d'Hiroshima et Nagasaki. La population mondiale a le sentiment qu'on joue aux apprentis sorciers avec des forces qui nous dépassent. La guerre froide a commencé. Le monde est bipolaire. La tension monte.
C'est dans ce contexte que Robert Wise réalise "Le jour où la terre s'arrêta".
Le thème a la force de la simplicité: pour vivre en communauté, il faut des règles. Pour la sécurité de tous, il faut faire respecter ces règles avec force et fermeté. Les individus, les pays, les civilisations, les planètes doivent se soumettre à ces règles sous peine d'être éliminés pour la sécurité des autres.
Il est intéressant d'imaginer la venue de "Klaatu" dans le monde actuel. En 1951, alors que le monde était bipolaire, il ne réussissait pas à se faire entendre des dirigeants. Qu'en serait-il aujourd'hui alors que le club des détenteurs de l'arme nucléaire s'est considérablement élargi à des états aussi responsables que la Corée du Nord ou le Pakistan. Quels arguments trouver pour convaincre des dirigeants aussi ouverts que Kim Jong-Un. Comment se fier aux spécialistes de la politique des mille sourires et des cent mille mensonges, comme Mahmoud Ahmadinejad, Benyamin Netanyahou ou Nawaz Sharif?
Mais on peut aussi imaginer ce qui se passerait si tout à coup l'ONU, cette assemblée de démocraties moribondes se sentait tout à coup un regain de virilité et décidait de s'assumer pleinement en gendarme du monde, capable d'assumer la politique préconisée par "Klaatu". Que se passerait-il avec l'état islamique?...entre autres...
Cependant, Klaatu ne fantasme pas sur un prétendu "devoir d'ingérence". Dans la limite où ils ne menacent pas les autres civilisations, les terriens peuvent faire ce qu'ils veulent. On ne leur impose aucune valeur morale. Ils peuvent s'entretuer à loisir, s'administrer eux-mêmes comme ils le souhaitent.
Ne devrions nous pas adopter cette sagesse, laisser les différents peuples s'administrer à leur guise, même s'ils sont dirigés par des dictateurs certes fort antipathiques, mais qui ne menacent pas la sécurité du monde. Chercher à imposer la démocratie est un non-sens. Elle s'imposera d'elle-même là où les peuples sont prêts à l'adopter.
Par nos interventions stupides contre des dictateurs locaux en Irak, en Tunisie, en Libye, en Syrie, etc.. nous favorisons l'émergence de menaces graves pour l'ensemble de la communauté internationale. C'est d'autant plus idiot que nous ne faisons pas grand chose contre des états dirigés par des irresponsables qui se dotent de l'arme nucléaire.
Mais nous sommes dans le monde réel et nous nous contenterons d'accueillir les victimes immédiates des états ou groupes délinquants, faire de grandes gesticulations médiatiques et nous donner bonne conscience en renversant des petits chefs fragilisés, sans nous soucier davantage de l'avenir.