Tourné en pleine guerre froide, le Jour où la Terre s'arrêta n'est pas un simple film de SF de série, mais une habile parabole sur la paix et le danger de la prolifération des armes nucléaires. La peur de l'atome et la peur de l'ennemi rouge sont les grands thèmes qu'on retrouve dans le cinéma de science-fiction hollywoodien des années 50, et là on est plein dedans.
L'arrivée sur Terre de Klaatu, étrange envoyé d'ailleurs à l'apparence humaine et parlant un anglais oxfordien (et premier extraterrestre non belliqueux), est un grand moment ; venu avertir les Terriens que leurs armes mettent en péril la paix et la sécurité du cosmos, il leur lance un ultimatum qui en gros dit ceci : Hé les gars, vous bousillez votre planète en menaçant la sécurité dans la galaxie, arrêtez ça ou on pulvérise la Terre façon puzzle ! Michael Rennie, excellent acteur de second plan (et qu'on retrouvera aussi en alien plus humain dans 2 épisodes de la série les Envahisseurs en 1967), trouve là son rôle le plus célèbre, de même que sa fameuse formule "Klaatu barada nikto" qui empêche le robot Gort de pulvériser la ville avec son rayon désintégrateur, a fait le tour de la planète. Cette scène d'arrivée symbolise la préfiguration de l'attitude des Etats-Unis face à d'éventuels agresseurs.
Le film ne tombe pas dans le piège du sujet à thèse et reste avant tout un divertissement malgré l'importance du problème (la paix et le désarmement), mais le plus intéressant réside dans les éléments de science-fiction mêlés à une très intelligente description du mode de vie quotidien des Américains tel que le découvre Klaatu. Je ne met pas la note suprême car il y a une petite baisse de rythme au milieu, mais j'aime beaucoup le ciné de SF hollywoodien de cette époque, comme dans Planète interdite, le Météore de la nuit ou la Guerre des mondes... En tout cas, ce film reste comme le film de SF le plus adulte des années 50, à une époque où le genre était traité de façon peu sérieuse, et bien plus réussi que son fade remake de 2008.