The Day the Earth Stood Still débute superbement. L'inquiétude mondiale bruisse puis se répand à la radio tandis qu'un objet non identifié s'approche de la Terre à grand vitesse. Ce dernier se révèle vite être un vaisseau spatial, atterrissant au Capitole (celui de Washington, bien entendu), d'où émerge Klaatu, un extraterrestre - ressemblant trait pour trait à un humain - porteur d'un message de paix, et un robot - imposant sur l'affiche, un peu ridicule en images - au potentiel destructeur sans équivalent.
Passé ce riche prologue, The Day the Earth Stood Still s'oriente vers une satire universelle de l'humanité dans laquelle Klaatu, judicieusement renommé Carpenter, se balade incognito parmi les humains, se confronte petit à petit à leur potentiel (un gamin curieux, un discours de Lincoln gravé dans le marbre) mais surtout à leur lâcheté, leur égoïsme, leurs inimités à tous les échelons de la société. Certes le contexte de la guerre froide est un terreau commode à ce propos, mais le film de Robert Wise (impeccable à la réalisation) brasse plus large. Conséquence, le charpentier de l'espace - pourtant débarqué avec les meilleures intentions de l'univers et doté d'une aura de prophète - plutôt que de répandre la bonne parole, retient son prêche, devient lui même méfiant et comploteur pour pouvoir asséner lors de la scène finale une invitation autant qu'une menace au genre humain.
C'est en cela que The Day the Earth Stood Still est devenu à mon sens un immense classique de film de Science fiction. Pas du fait de son potentiel de distraction (l'affiche est trompeuse), mais parce que la SF n'est finalement ici qu'un vecteur habile pour pousser le spectateur à réfléchir plus globalement à l'humanité. Quoique réalisé en 1951, le propos reste furieusement moderne, et ce n'est pas la "solution" proposée par Klaatu qui semble la plus idoine pour notre espèce. Sa fin ouverte force à une introspection, au moins fugace. C'est déjà ça de gagné.