Pour leur seconde collaboration, Marcel Carné et Jacques Prévert retrouvent Jean Gabin, à qui ils avaient déjà offert un rôle d’anthologie dans Quai des Brumes. A 34 ans, l’acteur est au sommet de son art dans la peau de Valentin, un ouvrier d’usine, amoureux d’une fleuriste (Jacqueline Laurent), mais qui entame une liaison avec Clara (Arletty), maîtresse d’un artiste de cabaret douteux (Jules Berry). Avec sa construction en flash-back totalement nouvelle pour l’époque, son ambiance nocturne et son pessimisme absolu, Le jour se lève préfigure le film noir américain et témoigne, comme le relève le critique Jacques Lourcel, de l’importance du cinéma français de la fin des années trente en matière de recherche esthétique. Entièrement tourné en studio dans des décors signés du génial Alexandre Trauner, qui a imaginé l’immeuble de cinq étages où vit Gabin, préfiguration d’une certaine laideur suburbaine à venir, ce film est un chef-d'oeuvre qu'on ne se lasse pas de revoir!