Redécouvert au ciné-club, quel plaisir de voir sur grand écran, Gabin, sa mine sombre et ce regard fataliste magnifiés dans ces scènes silencieuses où le temps s'écoule avec langueur vers son inéluctable conclusion.
François a tué un homme. Alors que la nuit tombe et que les forces de l’ordre tentent de le débusquer de la chambre où il s’est enfermé, il repense à sa vie, à ces deux femmes, l’une qu’il aime et l’autre qui l’aime et à cet homme, abandonné par la seconde, qui convoite la première.
Ce rôle, il est fait pour Gabin et son attitude cabocharde, cet homme avec qui la vie n’a pas été tendre mais qui possède ses valeurs rivées au cœur et qui espère trouver dans les regards naïfs d’une jeune fille, les augures d’une vie plus douce. Face à lui, tant Jules Berry et sa fourberie apprêtée et qu’Arletty et sa sensualité gouailleuse sont parfaits et donnent toutes leurs saveurs aux remarquables dialogues de Prévert.
La trame narrative repose sur les flashbacks (procédé encore nouveau à l’époque pour le cinéma, le distributeur ayant d’ailleurs fait insérer avant le film un petit carton explicatif, pour s’assurer que les spectateurs en comprennent le sens). Ceux-ci fonctionnent parfaitement et révèlent progressivement les enjeux dramatiques menant vers cette résolution finale.
La réalisation de Carné est impeccable et le travail sur la lumière est superbe.
Un des fleurons du réalisme poétique.