Premier Pabst, premier Louise Brooks. Donc pour la petite histoire, j'ai cru que je regardais Loulou tout le long..., alors qu'il est évident qu'il est question ici d'un journal intime et d'une fille perdue... Ce n'est qu'en lisant la critique de Loulou d'Auréa que le doute me vint, la critique de Raf m'ayant auparavant confortablement installée dans mon erreur puisque tout est identique ici-même. L'histoire est aussi incroyablement moderne et c'est aussi la vie d'une femme "dont le pouvoir de fascination sur les hommes la dépasse et décidera de son destin".

Très cru, les hommes sont tous de sacrés vicelards. il n'y a pas de prince charmant pour venir au secours de Thymiane et transformer sa vie en conte de fée éternel. En musique pourtant et avec cette ambiance éthérée du muet qui plane, comme un étrange souvenir d'une époque lointaine, le pire arrive pour elle. Un pharmacien qui brigue le magasin de son père la met enceinte, la nouvelle gouvernante épouse son père et la pousse dehors, sa famille la met dans une institution pour jeunes filles égarées et place son nouveau né chez une inconnue, elle atterrit plus tard dans une maison de passe et ça continue. Pourtant son innocence bafouée et ses illusions perdues ne changent jamais la pureté de son être. Elle demeure innocente et belle quoiqu'il arrive ce qui enveloppe le film d'une ambiance étrange, presque viscérale. Le bonheur simple se mêle à la fatalité dans le même temps. Louise Brooks ne fait pas face aux obstacles, elle les transperce sans broncher pour n'en ressortir que plus forte.

Les gros plans de faciès ne sont pas souvent charmants non plus. La directrice de l'institution mène les filles à la baguette et son regard pervers n'est rien comparé à la longue brochette d'accariâtres du film. Les visages. La multitude d'expressions déployées notamment par Louise Brooks marque la mise en scène en profondeur. La fin abrupte conclut on ne peut mieux le message du réalisateur. Un simple espoir d'un peu plus d'amour, ça ne peut faire que du bien après tout ce que le journal de cette fille perdue nous aura fait subir. Beau film un poil longuet qui raconte tant avec si peu et serait même capable de révolter.


***super spoiler***
Mais bon sang, pourquoi refile-t-elle le fric à la bonne alors qu'elle la trahie mille fois !
drélium
7
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le 15 août 2011

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drélium

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