Les vilains distributeurs français voulaient sans doute attirer le spectateur fan du viril Charles Bronson en lui vendant Le Justicier de Minuit comme un nouvel épisode des (més)aventures de Paul Kersey. Ça n'en est pas un même si Charlie reprend une nouvelle fois le costard d'un policier justicier blasé de voir que les assassins ont plus de droits et de considération que les victimes.
Je ne lui cherche pas d'excuse. Sous l'égide des tristes sires Golan et Globus, il ne faut pas s'attendre à une réflexion sociologique sur l'état du crime en zone urbaine. Ceux qui traitaient Eastwood de fasciste dans les années 70 avec son Inspecteur Harry s'étaient alors trouvé une autre tête de turc la décennie suivante. A mon avis, Bronson n'en avait cure. Face à un tueur sadique se baladant à poil pour commettre ses crimes horribles, le meilleur moyen est encore de garder son flegme. Totalement impassible, même quand sa propre fille est en danger (au hasard, il pourrait la garder près d'elle), il fait équipe avec un jeune blanc-bec forcément idéaliste.
Loin de l'adoucir, ce côté vaguement buddy-movie ne va pas l'empêcher de découvrir le meurtrier au bout de vingt minutes, de fabriquer des preuves à sa manière quand il n'en a pas pour finir par régler le problème à sa manière. Telle qu'on peut l'imaginer. Autrement dit, Bronson n'est pas seulement flic. Il est également juge et bourreau.
Les nostalgiques de ce cinéma glauque, crado des années 80 avec sa violence exacerbée, ses filles à poil se diront que c'était quand même le bon vieux temps qu'importe la conclusion. Les poètes ou les romantiques hausseront les épaules en disant que ça ne manque pas. Chacun appréciera.