Espagne, 1944. Fin de la guerre. Carmen, récemment remariée, s'installe avec sa fille Ofélia chez son nouvel époux, le très autoritaire Vidal, capitaine de l'armée franquiste. Alors que la jeune fille se fait difficilement à sa nouvelle vie, elle découvre près de la grande maison familiale un mystérieux labyrinthe. A l'intérieur, elle y rencontre un faune, une étrange créature magique, qui va lui révéler qu'elle n'est autre que la princesse disparue d'un royaume enchanté.
Cela faisait bien au moins dix ans que je n'avais pas revu "Le labyrinthe de Pan", je l'avais vu deux fois à sa sortie, et il en était devenu un de ces films que je chéris tant. Ceux que je place en haut du panier. D'où ma crainte de ce nouveau visionnage, la crainte que le charme se soit estompé, la crainte qu'avec l'âge (et la fameuse maturité) j'aie pu perdre cette crédulité qui me faisait plonger à coup sûr dans un tel univers.
Et dès les premières minutes, toutes mes craintes se sont envolées. Dés l'instant où cette voix off commence à conter l'histoire de la princesse, je savais que j'allais revivre un moment merveilleux. Et pas faux, je n'ai pas vu passer les presque 2 heures de film, j'étais complétement happé par cette fantastique histoire.
Cette histoire où se mêlent deux mondes bien distincts. Celui bien réel de la guerre, et l'autre, l'échappatoire, le monde merveilleux que s'imagine la petite Ofélia, celui qui lui permettra de survivre aux atrocités des hommes. C'est l'innocence de l'enfance face à l'horreur de la guerre.
Et je crois que c'est cela qui fait que ce film résonne tant en moi : l'échappatoire. Toutes proportions gardées (ma vie ne ressemble en rien à la guerre, loin de là), je vois la petite Ofélia comme un reflet personnel.
Comme Ofélia avec ses contes de fées, j'ai moi aussi mon échappatoire avec le cinéma. Mon "monde" à moi qui me permet de m'évader, de rêver, d'échapper à une réalité qu'y n'est pas forcément rose tout les jours, telle une soupape de décompression. Mais n'allez pas croire que je suis en pleine dépression, c'est juste qu'à y réfléchir de plus près je pense que c'est le parallèle qu'a voulu exprimer Guillermo Del Toro sur le fond. On a tous notre échappatoire, plus ou moins secrète, plus ou moins merveilleuse.
Formellement, le réalisateur livre une pellicule magnifique. Avec cette oeuvre, il imprimera définitivement sa patte dans l'histoire du 7éme art. Chaque univers (la guerre et le monde merveilleux) est formidablement retranscrit à l'écran. Il délivre ici un bestiaire fantastique absolument incroyable, à la fois effrayant et pourtant attirant, et ce, sans avoir recours a une débauche de CGI. Sa mise en scène est des plus fluide, nous embarquant d'un monde à l'autre le plus naturellement possible. Autre point admirable, et qui apporte beaucoup, c'est la musique signée Javier Navarrete. Elle confère une ambiance unique et magique au film. Un petit mot aussi sur le casting, tous parfaits, et "coup de chapeau" à Sergi Lopez qui trouve ici un de ses meilleurs rôles en campant un méchant des plus cruels qui soit.
Dire que Guillermo Del Toro signe avec ce film un chef d'oeuvre, la pierre angulaire de sa filmo, est peu dire. C'est pour tout cela que je ne peux que très fortement vous recommander ce merveilleux conte.