Pedro Almodóvar a dû faire ses gammes avant de trouver le langage personnel qui est le sien. Le deuxième long-métrage du réalisateur espagnol ressemble à une esquisse très brouillonne de son œuvre à venir et si l'on s'amuse au début de cette galerie de personnages obsédés par le sexe et la drogue, on finit par s'ennuyer ferme devant le caractère répétitif de scènes volontairement provocatrices filmées n'importe comment. L'image est particulièrement moche et la désinvolture avec laquelle le réalisateur traite par exemple le sujet de l'inceste laisse songeur. Recrutés parmi ses potes de la Movida, la plupart des acteurs et actrices jouent la comédie comme des pieds. Seul Antonio Banderas, qui fait sa première apparition dans l'univers déjanté du cinéaste, tire son épingle du jeu. Heureusement, Almodóvar va très vite affiner son écriture et livrer progressivement des films toujours plus maîtrisés et originaux qui font de lui aujourd'hui l'un des derniers grands auteurs du cinéma européen.