Le Labyrinthe sait jouer sur des thèmes qui parlent à nos instincts les plus profonds. Il n'est en cela jamais vraiment original mais toujours efficace, le tour de force consistant à assembler l'histoire de façon à ce qu'elle tienne la route, et bien sûr, à bien la raconter.
On retrouve par exemple dans le premier opus un groupe livré à lui-même loin de la civilisation, ce qui a déjà été vu dans L'île Mystérieuse ou dans Lost. Mieux encore, ce sont des adolescents : on pense à 2 ans de Vacances, autre roman de Jules Verne, à Sa Majesté des Mouches ou encore à Battle Royale. C'est évidemment un thème très fort, exaltant (dérivé de Robinson Crusoé) puisqu'il montre les instincts humains à nu et voit se bâtir une société miniature qui ne sera souvent que le reflet de la grande (jusque dans ses pires excès).
S'ajoute dès le premier film (je n'ai pas lu les livres...), un autre thème fort, celui de la "matrice," : la réalité telle qu'elle apparaît est factice, manipulée par une entité extérieure toute-puissante qui utilise les personnages pour des fins supérieures (Matrix, Ubik, ou dernièrement Jupiter Ascending). Ceux-ci vont donc découvrir l'existence de cette entité pour ensuite se rebeller contre elle et la détruire. Là encore c'est un thème extrêmement porteur de sens en ce moment (il n'y a qu'à voir le nombre de théories du complot). La réalité, autrefois concept solide (le monde s'arrêtait au bourg plus proche), est devenue intangible car le monde vécu à travers les nouvelles technologies telles qu'Internet s'est étiré considérablement plus loin que ce que les sens humains peuvent ressentir. Une oeuvre questionnant la réalité touche donc encore une angoisse profondément ancrée en nous.
Dans son 2e volet, The Maze Runner n'a plus rien à voir avec un labyrinthe même si on n'y voit encore ses personnages courir. C'est désormais dans un monde post-apocalyptique que se déroule l'intrigue. Cela n'a encore une fois rien d'original, on pensera bien sûr à Mad Max, Fallout ou The Walking Dead, mais encore une fois c'est porteur de sens. Alors que le labyrinthe du premier film montre la reconstruction de la société dans un univers vierge, l'épidémie qui ravage la Terre montre sa destruction par la nature et la reconstruction d'un nouveau monde sur les ruines de l'ancien. Encore une fois ça peut paraître une analyse trop sérieuse pour un tel divertissement, mais bordel, c'est bien pour ça que ça prend aux tripes !
On peut encore ajouter quelques éléments récurrents des films hollywoodiens tels que le héros auquel le spectateur s'identifie, le triangle amoureux, le méchant vicieux, de l'action, des larmes , etc. vous m'aurez compris, ce film n'invente rien. On peut arguer que chaque histoire à déjà été racontée et que tout est recyclage ; certes mais il est toujours possible de raconter d'un autre point de vue, de filmer sous un autre angle. Ce n'est clairement pas l'ambition de celui-ci et ça peut être vu comme un gros défaut.
Ainsi, malgré le changement radical d'univers, on retrouve très vite ses repères et on devine ce qui va se passer... C'est particulièrement décevant pour tous les éléments mettant en scène des infectés : et vas-y qu'on fait des groupes de un, mais qu'est-ce qui va bien pouvoir arriver à ce cher Winston dont on avait rien à foutre une seconde avant mais qui s'est fait mordre, et hop que je te fous un jumpscare - ouf c'était qu'une souris - mais en fait non...
Mais plutôt que de voir ces défauts, il faut voir les qualités : en combinant avec succès tous les thèmes cités plus haut, Le Labyrinthe est extrêmement jouissif. Le scénario est à chaque seconde près de se casser la gueule mais se révèle au final étonnamment cohérent. Les personnages, bien qu'usés encore et encore par Hollywood, sont attachants et convaincants.
La réalisation abuse un peu trop parfois de shaky cams et de jump scares du pauvre mais sait mettre en valeur l'univers, qui est clairement le point fort de ce film entre des décors de villes en ruines rattrapées par le désert à couper le souffle et du cyberpunk crade. J'ai aussi trouvé la scène d'introduction très réussie, faisant transition entre les différents souvenirs de Thomas de façon vertigineuse pour revenir brutalement à la réalité.
En bref le premier comme le deuxième film du Labyrinthe ne se donnent clairement pas l'ambition d'être plus qu'ils sont : un film à sensations fortes pour jeunes publics. Mais ils s'en tirent admirablement bien, tirant les fils de nos instincts les plus ataviques pour, l'espace de 2 heures, nous faire vivre plus fort. Et si on n'est pas surpris, après tout, on n'a ni plus, ni moins que ce que l'on cherchait en rentrant dans la salle.