La nuit sombre et inquiétante. Des néons roses et bleus aveuglants. Une baigneuse envoûtante. Des truands qui ne lésinent pas sur la gâchette. Une pluie battante. Une pluie battante qui ne cesse de tomber.
Yi’nan Diao nous livre une palpitante plongée dans le jianghu (« rivière et lacs »), c’est-à-dire l’univers des personnes en marge de la société, avec la rencontre entre une prostituée et un gangster pourchassé décidés à s’unir pour le livrer vivant à la police et ainsi reverser la récompense à la femme de ce dernier. D’une indéniable beauté esthétique, Le lac aux oies sauvages saisit par ses époustouflants cadrages et jeux de lumière. Cependant, l’exercice de style ne tarde pas à fâcher et lasser son spectateur.
Si les premières scènes, captivantes et déroutantes, nous promettaient l’avènement d’un chef d’oeuvre, le soufflé retombe, non sans une certaine grâce, dans le dernier quart du film. Truffé de trouvailles ingénieuses (de l’utilité d’un parapluie), de dates palpitants (pas moins de 4 rendez-vous chamboulés) et de scènes d’amour romantiques (pas mal le coup du sperme craché dans l’eau), à force de tirer sur la corde du visuel tout en excluant la psychologie des personnages, Le lac aux oies sauvages finit en eaux de boudin. On ressort gavé d’un film qui avait tant d’atouts dans sa manche mais ressort perdant en accordant sa préférence à la tricherie plutôt qu’au jeu à la loyal. Pourtant difficile de ne pas se laisser prendre quand tant de mystères et de beauté nous traversent ! Avec un brin de travail supplémentaire, Le lac aux oies sauvages décrochaient la palme, quel gâchis !