Le Lièvre de Vatanen par T_wallace
Autant l'annoncer clairement (les plus malins l'auront repéré à la note), Le lièvre de Vatanen est au livre dont il est adapté ce que la carte du premier Buffalo grill venu est à la gastronomie.
Partant donc d'un excellent conte écolo du finlandais Arto Paasilina, le réalisateur plaque sur l'histoire de Vatanen et son accompagnateur bouffeur de pissenlit une niaiserie et une inconséquence auxquelles le choix du comédien n'est pas étranger. Suivez mon regard.
L'ami Lambert incarne donc un photographe canadien, et non pas finlandais, choix que je ne m'explique toujours pas. Car à part la similitude de climat, bien des éléments du bouquin ne supportent pas la transposition, comme la confrontation avec l'ours qui emmène le personnage du livre jusqu'en URSS (la parution en finnois date de 1975) ; c'est de loin une des parties les plus intéressantes du livre, qui a l'air de passer à la trappe ici (je dois le confesser, je n'ai pas eu la force d'aller jusqu'à la fin, et suis passé en avance rapide à partir du surgissement grotesque de François Morel en pasteur).
Notre grand benêt national trimballe donc son regard bovin et son sourire niais un peu partout dans la forêt avec la bestiole dans la poche, bestiole qui semble pouvoir rivaliser avec ce bon vieux Christophe en terme d'épaisseur. Je sais, c'est facile, mais pour le coup je n'ai même pas à me forcer.
En bref, c'est mal écrit, mal joué, il y a de beau paysages, mais le choix des musiques est naze (pourquoi de la musique des Balkans, c'est pour suivre la mode de Kusturica ? Ben oui mais lui ses films s'y passent, aux Balkans...), et surtout on ne retrouve rien de l'esprit enchanteur et pince-sans-rire du livre. Ah oui, last but not least : on S'ENNUIE dans ce film, ce qui n'est pas loin d'être inadmissible.
Je n'ai rien contre les adaptations de livres en général, même lorsque l'auteur du film prend des libertés par rapport au texte original (ce qui arrive systématiquement, de toute façon).
Mais dans le cas du Lièvre de Vatanen, il se trouve que l'on a proprement vidé l'histoire de sa substance afin de rédiger un scénario confondant de banalité et de bêtise, pour au final réaliser un mauvais film.
Une honte.