"A fool thinks himself to be wise, but a wise man knows himself to be a fool"

Attention spoilers


La première scène du film commence, et nous dit tout ce qu'il y a à savoir. Milo Tindle (Michael Caine) s'apprête à rentrer par la grande porte, mais son attention prend une direction tangente : le labyrinthe. Il y rentrera de son plein gré, pour atteindre l'auteur qui parle déjà de ne pas laisser de trace, Andrew Wyke (Laurence Olivier). Ce dernier, dans sa volonté de plonger sa victime dans un labyrinthe mental, fera une erreur capitale : il laissera Milo l'atteindre.


Faire jouer son adversaire, c'est lui laisser l'opportunité de vous vaincre.


La thématique principale du film se situe ici : le contrôle. Le contrôle que l'on a sur l'autre par la manipulation permet l'illusion d'avoir le contrôle sur sa vie. Pourtant, la mise en scène nous le dit à plusieurs reprises, les hommes sont des marionnettes perdues dans la vaste étendue de l'univers et de ses forces invisibles. Ainsi, le montage se plaira à rappeler par quelques plans furtifs sur les pantins du salon de Wyke la nature réelle des personnages, Milo Tindle perdu dans le labyrinthe introductif est filmé en parfaite plongée, témoin de la toute puissance de l'univers sur les personnages impuissants, et une aiguille hasardeuse confirme l'idée de proposition au personnage de Caine, refusant de lui dévoiler les véritables plans de son interlocuteur.


De ce fait, les personnages se rebellent avant tout contre ce qu'ils ne peuvent contrôler. Tindle cherche à s'introduire dans le milieu aristocratique qui lui restera inaccessible par ses origines, et Wyke cherche à combattre son impuissance. L'auteur ne semble d'ailleurs pouvoir agir qu'à travers la manipulation : il s'exprime avant tout par citations, mettant en scène sa propre vie. Le tragique de ce personnage est ici, dans son incapacité à passer à l'action.


Les jeux présentent alors pour lui une échappatoire à la réalité. Une fiction où il restera tout puissant. C'était sans compter sur la nature tragique de l'existence, parfaitement mise en scène en fin de film, le personnage se transformant en une de ses maquettes de scène de roman. Son refus de prendre conscience de la réalité l'amènera à subir ces forces incontrôlables, jusqu'au moment où son statut de pantin ne peut plus être nié.


Il s'agit avant tout de reconnaître les forces tragiques qui agissent sur nous, plus que d'y échapper. Pour Wyke, le riche aristocrate, le jeu est distraction. Mais pour Tindle, le fils d'immigré aux origines modestes, le jeu est question de survie. C'est pour cette raison qu'il pourra reconnaître ces forces, et c'est donc logiquement que la victoire lui revient.


Mais cette victoire demande une ironie qu'aucun n'oserait qualifier de salvatrice. Ou le dernier croche-patte inévitable de l'existence sur nos êtres.

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le 30 mai 2018

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Mayeul TheLink

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