J'ai toujours eu un profond respect et une admiration sans limite pour les films qui arrivent à capter notre attention sans le moindre artifice, sans avoir besoin d'en faire des tonnes pour alimenter notre imaginaire et qui avec peu de moyens font preuve d'une aisance et d'une finesse que certains ne pourront jamais atteindre.

Le Limier je l'ai découvert il y a plusieurs années et sans le savoir à l'époque c'était mon premier Mankiewicz, j'avais déjà été profondément marqué par cette intrigue complètement loufoque dans laquelle s'affronte deux hommes de classes sociales biens distinctes lors de joutes verbales acerbes et cyniques. Bien avant que Fincher, Nolan ou Night Shyamalan arrivent à coups de twists alambiqués, en 1972 il y avait le petit Joseph qui en conclusion d'un carrière immense s'offre un dernier film sophistiqué et teinté d'une classe certaine. Avec pour simple outil de travail, un unique décor, somptueux manoir au demeurant regorgeant de pièces inquiétantes et la présence de deux acteurs. Mais attention pas n'importe qui, le gigantesque Michael Caine en coiffeur Don Juan, Italien d'origine sur le point de piquer la femme d'un écrivain britannique réputé et excentrique sous les traits d'un Laurence Olivier saisissant. Dès le départ le malaise s'installe alors que la conversation est des plus anodines, les petits sous entendus et les non-dits s’immiscent de plus en plus laissant apparaitre le rapport antagoniste qui se dessine sous nos yeux. Le ton du film change ainsi en quelques secondes par quelques mots prononcés, une musique envoyée, ou l'un des nombreux gadgets présents utilisés, à chaque fois qu'on pense savoir ou le récit veut nous embarquer, nous voilà encore davantage déboussolés et pris au piège.

Sleuth c'est de la haute voltige, du grand cinéma à l'état brut, dialogues redoutables, réalisation impeccable et prestations inoubliables donnent à ce thriller psychologique bien loin du polar classique une aura qui parvient à nous surprendre sans jamais sombrer dans la caricature durant pratiquement 2h30, une seule chose à dire, foncez camardes !

Critique lue 5K fois

108
8

D'autres avis sur Le Limier

Le Limier
Sergent_Pepper
8

Jeu est un autre

Difficile de s’attendre à une œuvre aussi profuse lorsqu’on en considère la teneur : un huis-clos, deux personnages, près de 2h20 de conversations : l’adaptation théâtrale est évidente, et répond au...

le 14 avr. 2014

81 j'aime

8

Le Limier
Vincent-Ruozzi
9

L’arroseur arrosé

Le Limier, c’est tout d’abord une pièce de théâtre écrite par un anglais, Anthony Shaffer. Suite au succès mondial que rencontra la pièce, Shaffer la transposa en un scénario qui sera porté à l’écran...

le 26 juil. 2017

61 j'aime

5

Le Limier
Cultural_Mind
10

Duel psychologique

Joseph L. Mankiewicz a toujours eu de la suite dans les idées. Après le spectaculaire Cléopâtre, il affirma dans une boutade devenue célèbre qu'il ne tournerait plus qu'avec deux acteurs dans une...

le 16 juin 2017

50 j'aime

Du même critique

Interstellar
Kobayashhi
10

All you need is love, love, love, love...

Aïe Aïe Aïe, nous y voilà, Interstellar, le film dont on ne doit pas prononcer le nom, celui qui déchaîne les passions, film de la décennie pour certains, arnaque pour d'autres. Déjà moqué pour ces...

le 6 nov. 2014

489 j'aime

23

Mad Max - Fury Road
Kobayashhi
9

My Name is Max, Mad max !

Putain........................... Du moment où les lumières se tamisent jusqu'au générique de fin laissant traverser le nom de Georges Miller, je suis resté scotché dans mon siège, halluciné par le...

le 14 mai 2015

302 j'aime

27

Whiplash
Kobayashhi
8

Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, J.K FUCKING SIMONS

J'ai quitté la salle il y a quelques heures maintenant, et pourtant j'entends encore les baguettes claquer contre les cymbales avec une fougue hors norme, ais-je perdu la raison ou suis-je encore...

le 24 déc. 2014

268 j'aime

5