Le cinéma romanesque et épique étant plus ou moins mort avec le superbe "Docteur Jivago" de David Lean, John Milius tenta en 1975 de le réssuciter avec "Le lion et le vent", basé sur des faits réels.
A travers l'opposition de deux grandes figures charismatiques, un président Roosevelt plus grand que grand d'un côté, un guerrier berbère de l'autre (interprété par un Sean Connery impeccable), John Milius confronte deux visions opposées l'une à l'autre, la république face à la royautée, un monde moderne orgueilleux et intrusif face à une nation souhaitant coûte que coûte préserver ses traditions, même si pour cela elle devra verser le sang.
Evitant soigneusement les clichés (sauf peut-être en ce qui concerne les allemands) et faisant preuve d'un respect à toute épreuve envers le peuple qu'il met en scène (ce qui était rare à l'époque), John Milius réussi son pari haut la main, accouchant d'un film à grand spectacle exemplaire au souffle indéniable, servit par des paysages resplendissants et non dénué d'humour.
S'il n'évite pas les longueurs et souffre de combats encore un peu brouillons, "Le lion et le vent" laisse entrevoir le véritable talent de John Milius, et annonce déjà le lyrisme furieux du futur "Conan le barbare", chef-d'oeuvre du cinéaste.