Appréciant le genre post apocalyptique dans la roue de Mad Max ou de la Route, je ne pouvais être qu’intéressé par ce livre d’Eli.
J’ai beaucoup aimé de donner une importance déterminante à l’objet livresque. Quelque part on se retrouve dans l’approche de Fahrenheit 451 ou, dans un autre style, du Nom de la Rose. Faire le parallèle entre un livre sur Mussolini et la Bible, je prends, surtout qu’on est dans la volonté de montrer comment dominer les masses. Esthétiquement on est assez proche de La Route, les combats sont sympas, dès lors qu’il se font au corps à corps à force de bides ouverts. J’aime toujours Gary Oldman, Washington faisant le job de manière assez convaincante. Oui, Mila Kunis est très jolie. Oui, c’est très sympa de retrouver Ray Stevenson, surtout lorsque celui-ci nous glisse quelques airs de westerns poussiéreux.
Mais merde, foutre, que c’est plat et, au final, idiot. Les deux Hugues ne se sont pas emmerdés à inventer un univers, un background, ils ont pris tout ce qui avait été fait avant, de Mad Max en passant par La Route et autres généralités post apocalyptiques pour peindre une énième société martyrisée par quelques roitelet, où se croisent des routards, des mecs qui bouffent d’autres mecs, cherchant de l’eau mais semblant disposer d’une foultitude de munitions et de pétrole. Si on suit l’intrigue nous sommes 30 ans après une grosse guerre finale ; une première génération qui ne sait plus lire. Encore eût-il fallu qu’on fasse ce qu’il faut pour qu’on y croit. L’ambiance m’a laissé clairement de côté car je n’ai jamais cru à ce qu’on me proposait. Tout sonne vide et creux dès lors qu’on tente de réfléchir un peu à ce qui nous est proposé. Je ne parlerai même pas du twist final qui, lui m’a carrément fait rire. Denzel-Shaka Gold Saint de la Vierge, fallait y penser et oser, même si le secret dévoilé par l’ouverture du Livre était une approche sympa.
Le thème religieux est très intéressant pour approcher la conscience américaine, pour étudier cette religion civile qui nous est si étrangère mais, quand même, ce mysticisme est vite lourd. C’est d’autant plus vrai qu’on se retrouve avec des personnages d’un clacissisme absolu, le héros rebelle, le méchant tyran, la cruche super-bonnasse-qui-devient-justicière, un fin du monde à peine évoquée, un énième conquête de l’ouest « je marche vers l’ouest parce que la Voix me le dit » sur fond d’hommage au genre Western. En fait, je me rend compte que c’est un bon moyen d’aborder avec des élèves le mythe de la Frontière, de la conquête de l’Ouest, de la prédestination des USA à être le Pays Elu de Dieu.
J’aurai donc pu mettre la moyenne mais, ce twist à mourir de rire lorsqu’on repense à quelques séquences de flingage, la Voix mystique jamais totalement assumée mais toujours défendue, le cette balle dans le bide qui ne semble pas faire trop de mal au héros … Ce Livre d’Eli souffre de n’avoir pas été assez radical, d’être passé après La Route, d’avoir pêché, c’est un comble, par manque d’une réelle ambition assumée si ce n’est celle de placer son lot de marques, KFC ou Mac trop fun.