"Transmission d'information".. Attention spoiler.

Il faut se faire une raison, les films donnant des leçons de cinema sont souvent les plus discret ou les plus méconnu..
The Book Of Eli est ce genre de métrage, de ceux qui distillent un vocabulaire cinématographique dont quelque fois les gens passent à côté à cause d'une lecture trop linéaire.


Et justement ici il s'agit d’interprétation de l'image, car c'est en arrivant au bout de l'histoire (réalisé par les freres Hughes) que l'on comprend que chaque séquences et plans sont un vrai délice de propos.


La photo variant du sombre à la clarté raconte en elle même une histoire, celle d'un voyageur (Denzel Washington) dans un monde ravagé par une dernière guerre, portant un sac à dos au contenu auquel il tient plus qu'à sa vie et la raison pour laquelle il se dirige vers l'Ouest..
Il croisera ainsi Carnegie (Gary Oldman, le fabuleux acteur caméléon) "Maire" d'une ville, cherchant à mettre la main sur un livre, et brulant tout les autres..


SPOILER/


Un monde post-apocalyptique où la culture n'existe plus, l'eau est devenu une denrée rare, le cannibalisme règne depuis que les lois et la moralité ont disparu avec les éléments de consommations basique..
Ce qui laisse préjuger à tort sur le genre souvent malmené depuis Mad Max, et qui sera largement effacé dans les 15 premières minutes amenant aux subtilités de l'oeuvre :


De nombreuses critiques et débats sur les forums évoquent l'aspect esthétique mais aussi pro catholique de l'oeuvre, ce dont je ne vois clairement pas du même oeil..
Et puisque je parle d'oeil, est il nécessaire de justifier le pourquoi de la superbe acuité auditive et olfactive d'Eli quand un plan séquence en ombres chinoises sous un pont fait ouvertement référence à du Chambara/Zatoichi le samouraï aveugle ?
De le sentir tituber sur un objet au sol mais pourtant de trancher avec précision et dextérité la main d'un pauvre fou n'ayant pas suffisamment prêté attention à ses paroles.
Ou de le voir parfois lever la tête vers le soleil comme pour chercher la lumière qui le guide.
(Certains degrés de cécité n'excluent pas de voir les spectres lumineux, encore faut il le savoir.)


Carnegie quand à lui est bien voyant mais entouré d'aveugle aussi, et dans les 2 sens du termes..
d'une compagne dévoué née ainsi (mère de Solara interprété par Mila Kunis) et des sbires illettrés, qu'il contrôle tous grâce à ses "lumières" d’érudit.
Une ambiance lourde dans des décors tristes, des populations manquant d’hygiène et des bébés pleurant en fond..
La sauvagerie d'un monde barbare d'inculte où les adultes n'ont jamais appris à lire..


Quoiqu'il en coute, même accompagné de Solara, Eli ne s’éloigne du chemin pour lequel il a foi..
même s'il faut tuer aussi pour cela.
Car il s'agit de la Bible qu'il transporte dans le sac qu'il ne quitte jamais, un objet religieux certes mais avant tout culturel, ce qui est à mon sens appuyé à maintes reprises dans le film.


Une quête pour lui, qui n'est autre qu'une source de pouvoir pour Carnegie, connaissant à juste titre la puissance du savoir, de l'utilisation d'un texte et de son sens politique..
Mais de culture avant tout pour le spectateur et Solara.
Comprenant l'importance du lieu dans lequel le héros tient à ramener les écrits..
Le dernier sanctuaire d'une culture disparu.
Puis encore matière à débattre jusqu'à la dernière minute, à la mort de ce genre prophète du futur, allongé et en tenue de cérémonie..


Eh oui, à la vision de la tenue cérémoniale immaculé, l'idée traverse l'esprit, se peut il qu'Eli soit en fait musulman ?
La haute teneur de symbolisme, d'un homme, peu importe sa religion, qui garde espoir au devenir d'une société, et pour ceci sauvegarde au péril de sa vie depuis 30 ans une Bible qu'il a trouvé, et qui plus est la dernière..


ainsi le plan du fameux livre se pose maintenant parmi les autres objet culturel tel que Shakespeare et autres, ou dogmatique tel que sont la Tora et Le Coran.
La Bible n’était donc pas une fin en soi, elle n'est qu'une autre pierre à l’édifice de la reconstruction d'une civilisation qui sera libre de se cultiver comme elle veux.


L'aventure est faite..
d'action cathartique à la Ken le Survivant accompagné d'une réflexion sur plusieurs niveaux, spirituelle, sociale et politique, saupoudré d'humour cynique, le livre source de tant de sang était écrit en braille..
Diablement ironique. ^^


sujet à interprétations :


-les culs de bénitiers y fantasmeront peut être un message,
-les culs serrés anti-dogmes crieront à une propagande religieuse..
-moi je suis agnostique et j'y ai surtout vu un film définissant le traitement d'information que peu contenir un simple bouquin.
une série B généreuse, jouissive, maline, largement plus intéressant techniquement que bien des films à gros budget grossier et gras jouant dans le même créneau.
un film comme il en faudrait plus souvent.


avec les Freres Hughes à la realisation, jamais le genre post-apocalyptique ne m'a semblé si "lumineux" par la mise en scene et par le traitement d'un simple Livre que beaucoup trop s'empresse de definir par ses ecrits et non pas par sa symbolique culturel.

Linsky
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le 23 oct. 2010

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Linsky

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