Fast & Curious
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Article originellement paru sur le site le con, le culte et les écran
Peut-on aimer un film qui diffuse des idées nauséabondes ? Pendant que vous réfléchissez à ce sujet au combien passionnant, je vais vous parler du livre de la jungle, à savoir un film inspiré du dessin animé Disney éponyme, lui-même adapté d’un bouquin…. Sacré bordel.
Si j’étais sceptique à l’idée de transformer un film d’animation en film en prises de vue réelles, force est de constater que visuellement le film à de la gueule : les CGI sont très réussis, les décors splendides et l’intégration du seul humain à ce monde virtuel fonctionne plutôt pas mal. Il faut en revanche s’habituer à voir des animaux « réalistes » parler comme si de rien n’était.
Concernant la voix des animaux, la qualité est au rendez-vous que ce soit en anglais ou dans la langue de molière ( bien qu’en France, il y ai moins de têtes d’affiche qu’outre atlantique). Cela permet de créer des personnages auxquels, on peut s’identifier et mine de rien, c’est déjà une sacrée prouesse. On peut néanmoins regretter un Baloo un peu sobre visuellement par rapport aux autres et surtout au terrifiant Sher Khan .
La mise en scène n’invente rien, mais est de bonne facture en proposant son lot de scènes d’aventures impressionnantes et de long travelling assez sympa.
Pour ce qui est de l’écriture en revanche, c’est beaucoup moins reluisant. Tout d’abord, le film n’arrive pas à se détacher de son ancêtre animé et le cite en permanence. C’est problématique puisque le film va jusqu’à refaire des scènes entières du dessin animé, mais en moins bien. Si le but était de donner envie de revoir le dessin animé, le pari est réussi, mais je ne peux m’empêcher de trouver ca dommage qu’il y ait si peu de prise de risque.
De plus, la réconciliation finale sur fond de forêt en feu est digne d’une rédaction d’école primaire ( moi en tout cas si un gamin fait brûler ma maison, je tire un peu la tronche). L’autre défaut consiste en l’écriture de Mowgli. En effet, ce dernier est écrit comme un personnage de dessin animé, c’est-à-dire un assemblage sans queue ni tête de défauts et qualités. Si cela fonctionne sur un personnage crayonné nous laissant le champ libre à l’identification, ça foire totalement sur un acteur réel et on ne croit pas une seconde en l’existence de ce personnage.
Désolé d’interrompre votre lecture comme ça mais vous vous souvenez de la question posée en début de cet article ? Force est de constater que ces mots n’étaient pas là par hasard puisque oui, le livre de la jungle renferme une morale nauséabonde. Je vais en revancher, devoir, spoiler afin de clarifier mon propos.
Déjà, le film glorifie la vengeance du jeune garçon face au tigre en la présentant comme une sorte d’accomplissement, de passage à l’âge adulte et pousse même le vice jusqu’à présenter ceux qui ne sont pas vengés ( Baloo et Bagheera ) comme des lâches. Si la vengeance a été si souvent glorifiée au cinéma ça me gêne toujours de voir ça dans un film destiné à un jeune public.
Le second point assez discutable est le retournement de veste de Baloo. Lorsque Mowgli lui entonne la doctrine des loups l’ours la qualifie de propagande et il est difficile de lui donner tort tant la vie du jeune garçon auprès des loups est rigide et hermétique. Pourtant à la fin du film, il clamera haut et fort cette même doctrine, prouvant là qu’il est revenu dans le droit chemin. Le problème que ça me pose, c’est que cela établit un jugement de valeur sur ce personnage : avec cette scène, le film nous dit clairement que Baloo était un faignant et un lâche alors que maintenant, c’est un ours fiable et valeureux… Autrement dit, le pacifisme, c’est pour les hippies solitaires.
Et bien sûr, chaque fois qu’une bonne action est faite, elle vient de la main de l’homme parce que c’est bien connu, les animaux sont vraiment incapables de quoique ce soit sans nous ( Le running gag des outils… AU SECOURS)
Le film est assez admirable en tant que film d’aventures et démonstration technique, mais délivre un fond vraiment limite. À la question Peut on aimer un film qui diffuse des idées nauséabondes ? Je répondrais donc oui, mais pas trop… Surtout quand il existe un tas de films dans le genre, tous avec des fonds bien moins dégueulasse.
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Créée
le 27 avr. 2016
Critique lue 261 fois
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