Le Livre des Solutions, c'est le récit de Marc, réalisateur obsessionnel qui n'a pas besoin de dose de cocaïne pour déclencher son hyperactivité créative, diablement interprété par Pierre Niney.
Si l'on touche bien sûr avec ce personnage à la pathologie psychiatrique (Marc vidant dès le début du long-métrage ses palettes de médicaments dans la cuvette des toilettes), celle-ci est à tout instant mise au service d'une création débordante et névrotique.
En effet, face au refus des producteurs de diffuser tel quel le film de Marc, ce dernier s'échappe avec ses rushs, et s'isole chez sa tante Denise (Françoise Lebrun) dans les Cévennes, en compagnie de son incisive monteuse Charlotte (Blanche Gardin), de sa bien trop clémente assistante Sylvia (Frankie Wallach) et d'un toussotant Carlos (Mourad Boudaoud).
Dans ce cadre propice à la concentration autour d'un (ou plusieurs) projet(s), Michel Gondry laisse libre cours à la créativité dévorante du personnage de Marc
lui donnant vie au cours d'un très drôle court-métrage intra-diégétique ou d'une leçon de cuisine de Denise (qu'il est dommage de ne pas avoir terminé, j'aurais aimé maîtriser le gratin aux aubergines en sortant de la salle)
et laisse ce dernier s'embourber au fil de la rédaction de sa Bible, le bien nommé Livre des Solutions.
Bien évidemment, la pathologie prend crescendo le dessus sur Marc, mais, le génie allant de pair avec la folie, l'utile avec l'inutile, Michel Gondry nous offre une variation de séquences, du magistral
(L'enregistrement de la bande-son où l'on voit Pierre Niney se muer, très à son aise, en chef d'orchestre, le "camion-montage", l'hilarant aller-retour à Londres pour rencontrer Sting...)
au pathétique
(Les obsessions de Marc concernant sa tante vieillissante, ses multiples allers-retours de nuit touchant au harcèlement auprès de son équipe, la répétition quasi-mécanique de ses excuses...)
Si le personnage de Marc est intéressant, sa chute et l'évolution de ses interactions avec son entourage, le regard de ce dernier sont autant de points à souligner.
Le film, loin de s'essouffler et gardant un rythme assez soutenu, propose après une acmé
- composée de la mort de Max, collaborateur traître joué par Vincent Elbaz, au cours d'une séquence qui permet de comprendre que Marc s'apprête à toucher le fond -
une courte mais non moins apathique accalmie.
La fin, que je trouve très juste en plus de contenir un certain humour sans sombrer dans un mélodrame inutile, vient clore un film éprouvant nerveusement mais sans aucun doute de très belle facture !